Le marché Sankar-Yaaré, au centre de Ouagadougou, au secteur 11 de l'arrondissement 2 est complètement quadrillé par des barrières pour permettre à la Police scientifique de mener ses enquêtes en vue de situer les responsabilités. Constat.
Après l'incendie du marché Sankar-Yaaré, au secteur 11 de l'arrondissement 2 de Ouagadougou, le dimanche 29 janvier 2023, qui a ravagé près de 70% des boutiques selon le gouvernement, la police scientifique est sur le lieu du sinistre. Elle travaille dans un environnement clos et désert matérialisé par des barricades qui ont quadrillé le marché. Ce jeudi 2 février 2023, un calme olympien y règne.
Difficile de pénétrer le Yaar sans montrer patte blanche. Il est 11 heures 15 minutes. A l'entrée principale, tout comme aux autres accès, la Police nationale, précisément la Brigade anticriminelle (BAC) est stationnée pour sécuriser le périmètre. A l'intérieur où nous avons été conduits par les forces de sécurité, l'un des responsables du poste de police rappelle que l'enquête de la police scientifique est en cours d'où son refus de s'exprimer. Les délégués du marché embouchent la même trompette. Mais, aux alentours de la surface commerciale frappée par l'incendie, la vie est animée.
Des commerçants qui ne sont pas touchés continuent de vaquer à leurs occupations. Inutile de leur arracher le moindre mot sur l'état actuel du marché sous prétexte de l'enquête. A la porte Est, des commerçants sont derrière les barrières en contemplant le travail qui s'effectue sur le lieu. Le constat est clair. Des hangars et des magasins noircis par la fumée sont toujours visibles. Des produits calcinés dégageant une odeur particulière nous accueillent au milieu d'autres décombres.
Une crise de plus
Pour le Secrétaire général du Syndicat national des commerçants du Burkina (SYNACOMB), Roch Donatien Nagalo, rencontré, c'est une crise qui vient s'ajouter à celle sécuritaire et à une situation qui n'est pas du goût de tous ceux qui veulent un avenir radieux de la Nation burkinabè.
Il indique également que c'est un coup fatal non seulement pour les commerçants sinistrés mais aussi pour l'économie burkinabè en général. " Nous épousons la démarche du gouvernement de déployer la sécurité autour du marché pour les besoins d'enquête de la police scientifique et pour des investigations réelles afin de contrecarrer ce type de commerce véreux qui porte préjudice à l'économie et à plusieurs acteurs de commerce ", laisse-t-il entendre.
Le syndicat, à l'écouter, laisse le choix aux commerçants de réfléchir pour trouver ensemble une solution à leurs problèmes. En termes de perspectives, M. Nagalo propose de revoir les modèles et types de marchés actuellement construits dans nos cités. " La population est en pleine croissance avec à la clé des besoins d'emplois. C'est nécessaire de voir dans quelles mesures entreprendre ou anticiper pour permettre à tous ceux qui sont dans le monde du commerce de pouvoir mener leurs activités.
Il faut professionnaliser le métier de commerce. C'est-à-dire, aller vers le formel en abandonnant l'informel. Les marchés inorganisés doivent être loin des cités ", soutient-il. Si Sankar-Yaaré était organisé, estime Roch Donatien Nagalo, l'Etat pouvait faire des contrôles et le travail des sapeurs-pompiers serait facile en cas de sinistre. Il faut, insiste-t-il, mettre en place des dispositifs à eau pour réagir en conséquence à tout moment et une police pour contrôler et sécuriser les personnes et les biens. Qu'en-est-il du dédommagement des sinistrés ? A cette préoccupation, le SG du SYNACOMB fait savoir que si les commerçants sont assurés, ils vont être dédommagés. Au cas contraire, dit-il, ils doivent s'organiser pour solliciter l'aide de l'Etat qui peut ne pas être systématique.
" La reconstruction du marché peut, par exemple, se faire sous forme de Partenariat-public-privé (PPP). On peut proposer à l'Etat des modèles de marchés et trouver des bailleurs. L'Etat va donner des garanties sûres et au bout d'un certain temps, le marché lui revient. Dans ce cas aussi, lors du montage du dossier, on pourra prendre en compte les questions de dédommagement pour permettre aux sinistrés de renouer avec leurs activités commerciales ", argumente Roch Donatien Nagalo.
Malgré que les autres commerces aux alentours fonctionnent, il faut également, selon lui, tenir compte des commerçants qui vont devoir faire face à des dettes à rembourser. C'est pourquoi, à son avis, il faut remettre à jour, le Fonds de solidarité commerciale à travers la contribution des acteurs. " S'il y avait ce fonds, la solution était vite trouvée en attendant l'aide de l'Etat. Depuis longtemps, nous nous sommes battus pour la concrétisation de cette initiative. Nous continuerons à ce que cela aboutisse ", assure-t-il. Il faut aussi que les Burkinabè se donnent la main pour pouvoir travailler de concert à relever le défi économique dans l'optique de répondre à la question sécuritaire. Pour les chiffres dont dispose le syndicat, M. Nagalo dit attendre les conclusions du gouvernement.