Alors que les conditions météorologiques sont favorables à la prolifération rapide des criquets, les moyens de lutte font défaut. Les employés de l'IFVM ne sont pas payés et utilisent la manière forte.
Chantage. Les employés de l'IFVM (Centre national antiacridien) n'ont pas obtenu leurs salaires depuis le limogeage de leur directeur général au mois de septembre 2022. Depuis quatre mois, le salaire a manqué à l'appel pour quelques quatre cents employés car l'intérim (le directeur administratif et financier) ne peut aller loin dans les signatures officielles.
Et surtout, le montant correspondant au total de ces salaires impayés ne figure pas dans les comptes de débit et de crédit. " Près de 6 millions d'euros ont pourtant été utilisés durant la campagne 2021-2022 mais ne sont pas passés au niveau de l'IFVM. La gestion du fonds se fait au niveau du ministère de l'Agriculture et de ses partenaires techniques et financiers ", livre une source interne.
Ces fonds alloués ne concernent pas les salaires mais ont servi notamment à importer des pesticides, à louer des hélicoptères, à assurer la lutte terrestre et aérienne et à payer des techniciens consultants de la FAO (Fonds des Nations Unies pour l'Agriculture). Le syndicat du personnel de la lutte antiacridienne (SEMPIMPAVA) fait connaître dans un communiqué les détails sur les impayés de salaires et d'indemnités, assurés normalement par le budget général.
" Nous sommes perplexes au constat de la situation acridienne actuelle, avec les fortes précipitations de ces dernières semaines dans les diverses zones anti-acridiennes. Les criquets se multiplient rapidement. Aussi, outre la demande de considération urgente des moyens financiers et matériels de lutte, nous adressons d'autres revendications ", annonce le syndicat des employés du centre antiacridien.
Deux mesures
Le salaire impayé de quatre mois, le salaire de neuf mois pour les employés temporaires, les indemnités non payées depuis 2020, et le rappel sur la hausse des salaires des mois de mai et juin 2022, constituent le principal des demandes du syndicat. " ... La lutte antiacridienne ne pourrait être réalisée dans de meilleures conditions sans une considération sérieuse de ces revendications... " ajoute-t-il dans le communiqué adressé aux autorités régionales, dont le gouverneur d'Atsimo Andrefana, le préfet de Toliara, le chef de district de Toliara II et l'Inspection du travail. Les employés ne mentionnent pas une intention d'entrer en grève ni de manifestation de rue.
Toutefois, ils soulignent que " l'état est entièrement responsable de la possible invasion acridienne à Madagascar... car il n'y a pas assez de moyens matériels et le salaire est impayé depuis des mois... . ". Les zones anti-acridiennes comme Befandriana Sud, Sakaraha, Ampanihy, Antsohihy et Manja, ont rempli les conditions utiles à la ponte et à la prolifération des criquets. Ejeda, Ihosy et Ambovombe sont en pleine ponte.
Le syndicat ne s'est pas contenté de dénoncer le retard de paiement du salaire des employés, il s'est aussi constitué en représentant de l'organe exécutif et opérationnel de l'IFVM. L'organisation interne au sein de l'entité et avec le ministère de l'Agriculture et de l'élevage est également à revoir.