Près de 20.000 personnes tuées. Plus de 2 millions de déplacés disséminés dans plus de 60 camps et des familles d'accueil. Plus de 500.000 réfugiés dans les pays voisins.
Terrible catastrophe humanitaire dont les victimes peinent à être prises en charge. Destruction des hôpitaux, des centres de santé, des écoles ; des équipements collectifs comme les marchés et les églises ainsi que des commerces et champs. De surcroît, au seul mois de janvier 2023, 138 personnes ont été froidement abattues par des milices. Tel est le tableau sombre peint par la Communauté Iturienne de Kinshasa, hier jeudi 2 février 2023, lors d'une conférence de presse déroulée dans la salle Marhini, à la Cathédrale du Centenaire Protestant, sous le sigle de "la présentation des victimes des atrocités de l'Ituri".
Urgence de paix en Ituri
Tandis que l'essentiel des projecteurs est braqué en direction du Nord-Kivu, province elle aussi sous état de siège, la situation sécuritaire en Ituri semble, pour les ténors de cette Communautaire, " quelque peu négligée ". Pourtant, font-ils remarquer, le bilan cumulé des cycles de violences en Ituri est très lourd. Des pertes en vie humaines par milliers, des déplacés et réfugiés par millions, une crise humanitaire parmi les plus graves au monde, la destruction des biens publics et privés ont été épinglés.
Président de cette structure, Félix Kabwizi a, dans son intervention, martelé sur l'urgence de paix, de sécurité et de restauration de l'autorité de l'Etat auquel aspire, depuis le début de ces génocides, la population de cette province.
"Oui, les Ituriens n'aspirent qu'à la paix et n'ont de cesse de réclamer la paix, la sécurité, la restauration de l'autorité de l'Etat. Les Ituriens clament la paix des esprits et le silence des armes, afin de reprendre ce qu'ils savent le mieux faire à savoir : la mise en valeur des immenses potentialités du sol, du sous-sol, des eaux, du climat dont il a plu au Créateur de les doter ", a-t-il déclaré.
Levée de l'Etat de siège
"Comme solution urgente à la tragédie de l'Ituri, la CIK a toujours appelé depuis quelques mois à la levée de l'Etat de siège qui n'a pas produit les résultats escomptés. Les pouvoirs civils traditionnels suspendus devront être réhabilités en vue de jouer leurs rôles d'administration de la Province, et les militaires renforcés dans leur rôle traditionnel. Enfin, pour une paix durable en Ituri, la CIK préconise à la fois l'application de la justice et de la réparation des préjudices subis ", a souligné Félix Kabwizi, face à la presse, tout en rappelant que cette demande formulée aux autorités nationales date de mai 2022.
Un quotidien dramatique
Convié à cet échange avec la presse, l'Abbé Chrysanthe Ngabu Lidja, Président de la Commission Justice et Paix du Diocèse de Bunia, Chef-lieu de la province de l'Ituri, est intervenu pour présenter, dans une brochure intitulée " Bunia, un diocèse martyrisé par les violences mais toujours debout ", les atrocités commises dans ce diocèse, de 1999 à nos jours, et a ainsi démontré les efforts fournis par l'église locale pour riposter.
Evoquant la rencontre des survivants d'atrocités de l'Ituri avec le Pape François, mercredi 1er février 2023, l'Abbé Ngabu a indiqué que ces survivants ne représente rien par rapport au nombre de survivants. En effet, il a laissé entendre qu'ils ont été choisis à cause des signes visibles de souffrance physique infligée par les conflits de l'Ituri, mais aussi pour leur capacité à porter et à propager le message de réconciliation en Jésus-Christ.