Jean Hubert Celerine, alias Franklin, a essuyé un revers en cour, jeudi. La juge Aruna Narain a rejeté sa demande d'injonction contre une quelconque tentative d'extradition. Lundi, la Cour suprême a accédé à la demande de la "Financial Intelligence Unit" de geler les comptes bancaires de l'homme d'affaires de Rivière-Noire, de huit de ses proches, parmi lesquels deux mineurs, ainsi que de trois de ses compagnies, Ti Mimi Grill, TopFleet Car Rental Ltd et New York Boutik.
Nous le maintenons. Jean Hubert Celerine, alias Franklin, est bel et bien recherché à La Réunion après que le tribunal de St-Denis l'ait condamné, en son absence, le 2 juillet 2021, à sept ans de prison pour trafic de 148 kilos de drogue d'une valeur de Rs 114 millions. Un mandat d'arrêt avait été émis contre le businessman le 13 juin 2019 en raison du refus de coopération des autorités mauriciennes, comme nous publions hier et aujourd'hui encore, dans nos colonnes, des extraits du jugement de Carole Meunier-Lemas, présidente du tribunal de St-Denis à La Réunion, à l'appui.
Franklin est donc servi. Lui qui, par le biais de ses représentants juridiques, Yatin Varma, avocat et Mahendranath Deepak Soobhug, avoué, réclame non seulement Rs 25 millions de dommages et des excuses à La Sentinelle/ l'express, le directeur des publications Nad Sivaramen, la journaliste Lovina Sophie et l'imprimeur Impress Ltd mais aussi la publication du jugement de la cour de St-Denis.
Dans sa plainte pour diffamation contre l'express, le 20 janvier, celui qui se présente comme un homme d'affaires de la cité EDC, Grande-Rivière-Noire affirme n'être "aucunement impliqué dans un trafic de drogue ou une quelconque importation de drogues ou de zamal, et qu'à sa connaissance n'a ni jamais été condamné à la prison à l'île de la Réunion ni n'a jamais été confronté à un mandat d'arrêt en provenance de l'île-soeur".
Pourtant, moins de deux semaines plus tard, soit jeudi, Franklin s'en est à nouveau remis à la cour. Cette fois-ci, pour réclamer une injonction contre toute tentative de son extradition par les autorités mauriciennes. U n e requête à laquelle la juge Aruna Narain a objecté, précisant que toute éventuelle extradition ne pourra se faire qu'en respect de la loi.
Nous avons contacté l'étude de Me Mahendranath Deepak Soobhug, l'avoué de Jean Hubert Celerine. Lorsque nous l'avons interrogé sur l'injonction de son client, il nous a répondu sèchement ceci : "Je ne veux pas vous parler".
Demande de la FIU agréée
En tout cas, cette objection de la juge Narain est une nouvelle tourmente pour Franklin dont les comptes bancaires sont gelés depuis lundi. Le même ordre de la Cour suprême s'applique aussi aux comptes bancaires de huit de ses proches dont deux mineurs et ceux de trois de ses sociétés - Ti Mimi Grill, TopFleet Car Rental Ltd et New York Boutik - sont gelés depuis lundi. Une demande de la Financial Intelligence Unit (FIU) agréée par la cour. Une FIU dirigée par Carine Charlette-Kartinic et qui est l'autorité chargée de demander, de recevoir, d'analyser et de diffuser aux autorités compétentes les informations financières concernant les produits présumés criminels. Elle est aussi la régulatrice de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, et est responsable de l'application de la loi sur le recouvrement des avoirs.
Riviere-Noire "business as usual" pour les commerces de Franklin
Jeudi, 11 heures. On passe d'abord devant Ti Mimi Grill, qui a déjà commencé à prendre des commandes, avant d'arriver devant la boutique que gérait une proche de Franklin. Tout semble se dérouler comme à l'accoutumée même si certains habitants soutiennent le contraire. "Dépi ki sa zafer la in éklaté, boukou pé pér. Zot pé pér tension zot osi zot ale assiz lor via", lâche un retraité. Ce dernier explique qu'à Rivière-Noire, les "business" que gère Franklin sont connus de tous. Il y a aussi plusieurs habitants de la localité qui seraient ses "employés". "Bane dimounn kontan larzan fasil sa. Zot pé krwar sa pu amenn zot lwin. Éna enn bondié pé gété. Linn fouyy so trou", ajoute-t-il. Un des employés d'un commerce soutient quant à lui : "Nou pé travay nou, nou pann gagnn okenn lord", avant de couper court à notre conversation.
Un autre habitant, lui, remarque que les commentaires à ce sujet se font rares car personne ne souhaite se mêler de cette affaire. D'autres diront qu'ils ne savent rien ou qu'ils ne diront rien de peur que la police ne les embarque par la suite pour complicité. Mais un jeune de la localité ira plus loin en lançant : "Pa la polis ki zot pé pér. Zot pé pér Franklin ek so lékip. Li éna espion partou ek li pou koné ki sanla pé donn info." Il ajoute : "Séki pé tane dir lor Franklin la tigit sa. Ou krwar li bet pou gard kas lor so nom ek nom so fami li." C'est après son direct sur Facebook, de retour de Madagascar le samedi 14 janvier, que Franklin s'est projeté sur le devant de la scène. Il tentait de répliquer à une vidéo circulée sur les réseaux sociaux l'accusant d'être proche de l'ASP Ashik Jagai, patron de la "Special Striking Team".