En ce samedi 4 février, la communauté tamoule rend hommage au dieu Muruga après dix jours de jeûne. Depuis hier après-midi, les dévots ont débuté les préparatifs, notamment la construction du "cavadee", avec beaucoup de foi et d'enthousiasme.
Cette année, Ailey Sunnassee, 28 ans, porte le cavadee et représente aussi le kovil de Saint-Antoine, Goodlands. "Les préparatifs se sont bien déroulés avec l'aide de mes amis de différentes religions qui se sont absentés de leur travail hier (vendredi le 3 février) pour partager cette joie et apporter leur contribution." Cet ingénieur de profession et de culture telugu confie qu'il est un adepte de la prière et qu'il a toujours eu l'habitude d'aller prier dans les kovils, temples et églises.
Ces cinq dernières années, il a ressenti le besoin, de jeûner et de porter le cavadee. "Je crois qu'au-delà d'une certaine religion, il s'agit plutôt de la foi dans le bien sur le mal, le sacrifice et la joie de célébrer l'énergie divine qui nous donne de la force dans tous les aspects de la vie. Personnellement, je me suis senti plus accompli dans ma vie depuis, et nous avons la chance de pouvoir vivre pleinement cette beauté dans un pays multiculturel comme l'île Maurice."
L'après-midi d'hier a été consacrée aux préparatifs pour construire le cavadee. Il a été transporté au kovil dans la soirée, avec des amis, le tout sur fond de prières. "Cette année, la période du jeûne a surtout été consacrée aux prières au kovil matin et soir, et aux préparatifs pour accueillir les dévots le jour J. C'était aussi mental que physique, car j'ai essayé d'être attentif à mes pensées et de garder une attitude positive", soutient le jeune homme.
Aujourd'hui, comme de nombreux dévots, il portera son cavadee à la rivière pour les rituels de purification et le voeu de silence. Des percées sacrées seront faites avec des vels - petites aiguilles en forme de lance - à travers sa langue et ses joues pour l'aider à accomplir le voeu de silence observé pendant tout le pèlerinage en signe de pénitence. Ensuite, il se dirigera vers le kovil et sera le premier à y entrer pour verser ses pots de lait sur le dieu Muruga.
Les autres membres de sa famille - ses parents, son frère aîné et sa belle-soeur -sont tout aussi enthousiastes de participer à cette fête. "Pour moi, je veux être la dernière personne à enlever mes aiguilles en signe de force spirituelle. Je pense que c'est une belle expérience à vivre et je veux que les jeunes restent unis dans la diversité et célèbrent vraiment l'unité que nous avons", se réjouit Ailey Sunnasee.
Ne pas se limiter au rituel
Dans certains temples, les prières ont commencé dans la soirée d'hier et les fidèles ont affirmé que les préparatifs allaient bien de leur côté. La veille, certains d'entre eux ont passé la nuit dans le "kovil", dormant sur une natte, une pratique qui n'est pas obligatoire mais qu'ils font par amour et dévotion pour le Dieu Muruga. "Le Thaipoosam Cavadee signifie l'obéissance, la force, la dévotion et l'amour pour le Dieu Muruga afin de bénéficier de ses bénédictions. Beaucoup de croyants d'autres religions portent aussi le cavadee et c'est vraiment un moment de partage. Mon souhait est que tous ceux qui se préparent à porter le cavadee aient du courage, et que nous ne nous limitions pas à simplement accomplir le rituel pendant cette période, mais que nous puissions vraiment capter cette énergie divine et la partager au quotidien avec notre famille et nos amis", confie le prêtre Aya Varsen.