Madagascar: Merci, mais...

Est-ce donc la "clinique mobile" de janvier 2022, installée au gymnase d'Ankorondrano pour assister les sinistrés des inondations, qui s'est muée en "caravane de la santé/caravane médicale" qui a déjà parcouru plusieurs Régions : Vakinankaratra, Amoron'i Mania, Vatovavy Fitovinany (mars 2022), Itasy (mai 2022), Atsinanana, Analanjirofo (juin 2022), et actuellement (février 2023) le Boeny ?

Initiative qu'on ne peut pas qualifier de follement propagandiste puisqu'elle existe depuis un an et que, surtout, elle a le mérite d'une cohérence dans la continuité. Démarche qu'on ne peut non plus déconsidérer sans paraître inhumain si plusieurs milliers de personnes (d'après les statistiques de l'association "Fitia") en ont déjà bénéficié : Antsirabe (3443), Ambositra (2577), Manakara (2460), Kianjavato (3044), Itasy (2202)...

Les consultations générales occupent chaque fois le créneau principal, mais une quinzaine d'autres "offres" médicales se déploient à chaque étape : dentisterie, dépistage du diabète, mammographie, dépistage du cancer du sein, consultation ophtalmologique, radiographie, échographie, dépistage du cancer du col de l'utérus, consultation gynécologique, consultation prénatale, préparation à l'accouchement, suivi malnutrition, dépistage VIH et MST...

J'ai noté avec grand intérêt, l'annonce en février 2022 de 2700 femmes demandant un implant contraceptif. La démographie devient un poids trop lourd quand se conjuguent misère, ignorance et forte natalité. En effet, la population ainsi constituée se retrouvera à la merci de nombreuses sollicitations contre un plat de riz ou des soins gratuits.

Il faut remercier Mialy Rajoelina, l'épouse du Président de la République, pour son implication dans cette démarche humanitaire. Mais, une politique nationale de santé publique ne saurait décemment s'en remettre à des "caravanes médicales". Les CSB (centre de santé de base) ont le mérite de déjà exister (même nominalement) en de nombreuses localités à travers l'île, et il faudrait leur affecter les ressources humaines idoines, les équiper du matériel indispensable, et les doter des médicaments essentiels pour qu'ils puissent, chaque jour et toute l'année, accomplir simplement leur mission. D'autant que l'état déplorable des routes, qui n'ont plus de route que le nom, gardera inaccessibles à la "caravane" de trop nombreuses populations.

"Une École primaire publique dans chaque Fokontany" rêvait-on, il y a quarante ans. "Un CSB aux normes dans tous les Fokontany" pourrait-on avoir l'ambition en 2023. Qu'on ne s'installe pas dans le pis-aller et d'user indéfiniment d'expédients.

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