Artiste panafricaniste engagé, le rappeur Didier Awadi est devenu un monument pour plusieurs générations africaines d'affranchis.
Du haut de ses cinquante-quatre ans, il n'a jamais capitulé pour ranger sa langue dans sa poche. De nombreux dirigeants africains ont tremblé à chaque concert et nombreux ont été interdits car la vérité blesse ceux qui se sentent visés. Le grand frère Awadi comme Alpha Blondy et d'autres ont choisi leurs camps: celui du peuple. Awadi n'a pas oublié son contrat avec le peuple et vient de sortir une nouvelle œuvre intitulée : "Quand on refuse, on dit non", titre emprunté à un roman de l'ivoirien Ahmadou Kourouma.
Après quatre années de recherches, d'écriture, d'observation d'une société en constant mouvement et d'analyse socio-politique, le chanteur et emblématique leader Sakariste nous offre un retour flamboyant avec 12 titres accompagné d'un film qui traite de l'esclavage. Dans un contexte mondial tendu, entre les guerres, la pauvreté extrême de certains peuples, le pouvoir insensé et irréfléchi d'une poignée, Didier Awadi rappelle que l'esclavage peut arriver à tout le monde et que si on veut qu'il n'y ait plus de dominations et d'asservissements de l'homme, il faut se lever et le dire clairement. Faire comprendre et partager les douleurs des uns et des autres est essentiel car cela permet à tout un chacun de comprendre l'importance, l'urgence d'agir.
Dans son court-métrage l'artiste nous présente, en effet, l'esclavage où les rôles sont inversés : les blancs sont les esclaves. Il interpelle et réaffirme que toute domination est à̀ proscrire, voilà̀ pourquoi il faut inverser les rôles pour que l'autre puisse comprendre les douleurs laissées par l'esclavagisme colonial. L'expression "quand on refuse, on dit non" a une résonance très forte vue le contexte en ce moment au Sénégal et en Afrique. En effet, beaucoup de mouvement de soulèvement se passe ici et là.
Mais une grande majorité du peuple reste muette tandis qu'une part de la population semble refuser mais n'ose pas se manifester. La poignée de rares téméraires qui osent se lever et disent clairement non se fait réprimer avec violence. Des images fortes avec des paroles sans maquillage, Awadi nous révèle encore une fois nos responsabilités face à l'indépendance ou la dépendance du continent africain. Michel Sardou disait dans sa chanson "en chantant" : "tous les hommes vont en galère, à la pêche ou à la guerre en chantant.
La fleur au bout du fusil, la victoire se gagne aussi en chantant. On ne parle à Jéhovah, à Jupiter à Bouddha qu'en chantant. Quelles que soient nos opinions, on fait sa révolution en chansons". L'art et la musique en particulier ont et auront toujours une place particulière dans la mobilisation, les révolutions, le façonnage de toute société. Plus que de "simples chanteurs", les révolutionnaires comme Didier Awadi poussent les pensées d'ici et d'ailleurs à se remettre en question encore et encore. Et que si révolution il faut faire, ces artistes animent, maintiennent la ferveur des combats citoyens. Prions pour que cette génération d'artistes engagés perdure et que celle d'après continue de nous éveiller, de nous réveiller et de veiller sur l'humanité.