Madagascar: Présidentielle 2023 - 21.000 électeurs dans les prisons

La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) envisage de mettre des urnes dans les établissements pénitentiaires pour que les détenus jouissant encore de leurs droits civiques et politiques, puissent exercer leur droit de vote, quand bien même leurs autres droits fondamentaux seraient emprisonnés au quotidien dans un carcan.

Werawera électoral

Selon l'exposé des motifs de la loi organique de 2018 portant régime général des élections et des référendums, l'encadrement juridique du processus électoral de sortie de crise était circonstanciel et frappé de péremption. Notamment la loi organique de 2012 relative à l'élection du premier président de la République et celle concernant les premières élections législatives. D'où l'utilité de la réforme dudit cadre juridique qui se trouve aujourd'hui dépassé par le " werawera électoral ", comme le projet de faire voter les détenus qui n'ont pas été condamnés définitivement à la dégradation civique et qui jouissent de leurs droits civiques et politiques. L'une des conditions pour être électeur étant l'inscription sur la liste électorale, comment peuvent-ils le faire en prison.

Carte d'électeur

La Commission Locale de Recensement des Electeurs (CLRE) chargée de recenser tous les citoyens ayant acquis les qualités exigées par la loi pour l'exercice du droit de vote s'est-elle rendue dans les différents établissements pénitentiaires implantés sur l'ensemble du territoire ? Les prévenus pourront-ils se déplacer (avec les gardes pénitentiaires) dans les bureaux des fokontany pour vérifier leur inscription ou leur omission sur la liste électorale ? Quid également de la remise de la carte d'électeur aux détenus qui devrait faire l'objet d'une vérification d'identité ?

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Ratio condamnés / prévenus

Pendant la période de propagande, par quel canal les détenus peuvent-ils connaître les programmes des différents candidats voire même les noms de ces derniers puisqu'ils n'ont pas droit ou accès (le résultat est le même) aux journaux ou à la radio, encore moins à une télé dans leurs cellules ou quartiers.

En tout cas, les candidats et/ou leurs partisans ne pourront pas non plus faire campagne dans les maisons centrales et autres maisons de force comme Tsiafahy car l'usage des bâtiments administratifs à des fins de propagande est interdit par le code électoral de 2018. Contrairement aux bureaux de vote qui sont installés dans des salles de bâtiment public. Reste à savoir si pendant le scrutin et lors du dépouillement des votes, les délégués des candidats accepteront d'... entrer en prison.

A la différence des détenus qui rêvent pour leur part de sortir, ne serait-ce que le temps d'un scrutin, quoique leurs voix - au propre comme au figuré - risquent de compter pour des prunes par rapport aux 13,5 millions d'électeurs escomptés. En effet, sur les quelque 29.000 prisonniers pour 11.000 places, le ratio condamnés-prévenus est de 73/27. En somme, il y a à peu-près 21.000 électeurs potentiels dans les prisons pour la présidentielle de 2023. Reste à connaître le taux d'abstention ou de participation, c'est selon.

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