Dakar — La subvention de la chimiothérapie pour le traitement des cancers du sein et du col de l'utérus va connaitre une augmentation de 500 millions de francs pour l'exercice 2023, a annoncé samedi le Secrétaire général du ministère de la Santé et de l'Action sociale, Alassane Mbengue, soulignant que chaque année, 11 317 nouveaux cas de cancer et environ 8000 décès sont enregistrés au Sénégal.
"La subvention de la chimiothérapie pour un montant d'un milliard de Francs CFA a permis de rendre gratuite la chimiothérapie pour le cancer du sein et du col de l'utérus et de subventionner celle des autres types de cancers de 40 à 50% selon le schéma thérapeutique. Pour l'exercice 2023, ce budget a connu une hausse de 500 millions soit un total de 1,5 milliard de francs", a déclaré M. Mbengue.
Il présidait samedi la célébration de la journée mondiale de la lutte contre le cancer consacrée à la prévention, à la recherche et à la lutte contre la stigmatisation.
Le thème de l'évènement, "Unir nos forces et agir", marque selon lui "la deuxième année d'une campagne qui dure trois ans, conçue pour inspirer le changement et montrer l'importance pour tous de s'impliquer dans la construction d'alliances plus fortes et de nouvelles collaborations, afin de favoriser la prévention, le dépistage, l'accès de tous aux diagnostics et aux traitements".
En plus de la construction en cours du Centre national d'oncologie (CNO), le Secrétaire général a indiqué que "concernant la prévention des cancers du col de l'utérus et du sein, les avancées ont été notées notamment la vaccination contre le papillomavirus humain des filles âgées entre 09 et 14 ans introduite dans le programme élargi de vaccination depuis le 31 octobre 2018".
A cela s'ajoutent les unités de dépistage et de traitement des lésions précancéreuses du col de l'utérus mises en place dans 50% des structures sanitaires, la disponibilité de 21 appareils de mammographie dans l'ensemble des régions pour la détection précoce du cancer du sein, la création du DES de radiothérapie pour faciliter la formation des radiothérapeutes et la disponibilité de 04 appareils de radiothérapie dans le public dont un à Touba, pour renforcer la décentralisation, entres autres.
La lutte contre le cancer "fait intervenir plusieurs acteurs", a rappelé M. Mbengue, qui a engagé tous ces intervenants à "œuvrer pour la réussite du registre du cancer du Sénégal" lancé le 31 octobre 2022.
Dans ce sillage, Docteur Ndéye Ndioro Faye, représentante de l'OMS à cette rencontre, a souligné que "12 pays africains disposent d'un plan national de lutte contre les cancers et 11 autres pays dont le Sénégal sont en voie". "L'OMS invite les Etats à investir dans la mise en place de politiques d'enregistrement des cas de cancers", a-t-elle ajouté.
11 317 nouveaux de cas cancers enregistrés chaque année au Sénégal
Revenant sur la situation du cancer au Sénégal, le Secrétaire général a affirmé que chaque année 11 317 nouveaux cas de cancers et environ 8000 décès sont enregistrés. "Les cancers du col de l'utérus, du sein, du foie, de la prostate et de l'estomac concentrent près de la moitié des nouveaux cas de cancers recensés dans le pays", a t-il précisé.
Selon Alassane Mbengue, les projections "sont alarmantes" et indiquent que "les taux d'incidence et de mortalité devraient augmenter de plus de 40% d'ici à 2030".
Les enfants sont également touchés, a t-il dit en présence des associations de lutte contre les cancers au Sénégal notamment la Ligue Sénégalaise contre le Cancer et l'Association Cancer du Sein Sénégal, ajoutant que "chaque année l'unité d'onco-pédiatrie reçoit en moyenne 220 nouveaux cas sur les 800 cas attendus".
Il a souligné que "le Sénégal fait partie des pays pilotes pour mettre en œuvre cette initiative qui vise à augmenter de 60% le taux de survie des enfants atteints de cancer". "Depuis 2020, avec l'appui des experts, notre département a élaboré des normes et protocoles et des directives thérapeutiques pour mieux organiser la prise en charge des cancers de l'enfant", a t-il affirmé.
Selon lui, "il est donc urgent d'accentuer les efforts pour réduire le nombre de nouveaux cas de cancer, de mener des investissements efficients pour renforcer la sensibilisation et l'éducation, mais aussi permettre à nos populations d'accéder aux services de prévention primaire et de détection précoces, ainsi qu'à des services de diagnostic et de traitement de qualité quels que soient leur niveau de revenu et leur situation géographique".
La lutte contre les cancers au Sénégal est alignée sur la stratégie d'accélération de l'élimination du cancer du col de l'utérus d'ici 2030 de l'OMS, ainsi que sur l'Initiative mondiale de lutte contre le cancer de l'enfant.