Les prix du carburant à la pompe au Cameroun ont augmenté de 100 francs CFA pour l'essence et 145 francs pour le gasoil depuis le 1er février 2023. Une hausse de plus de 15% qui n'arrange pas les transporteurs.
Après trois pénuries en six mois dans les grandes villes du pays, le spectre de l'augmentation des prix des carburants planait. Depuis le premier février, l'essence est passée de 630 à 730 francs CFA, le gasoil qui coûtait jusque-là 545 francs CFA passe à 720 francs CFA.
" Je pense qu'on ne décide pas des prix d'un produit qui touche particulièrement les ménages les plus pauvres financièrement sans préparer l'opinion. Ce dont je doute en revanche, c'est que les pénuries qui ont été observées auparavant étaient une forme de préparation de l'opinion ", envisage Idriss Linge, rédacteur en chef à l'agence Ecofin, qui s'occupe des questions économiques et financières.
L'augmentation des prix du carburant fait grincer des dents. Les premières victimes sont les transporteurs urbains. Jack Nguessu est chauffeur de taxi dans la ville de Yaoundé, pour lui, c'est une partie du bénéfice qui est perdu :
" Je consomme en réalité entre 20 et 25 litres chaque jour. Depuis que le carburant a augmenté, je suis sensiblement à 3000 francs de plus. C'est comme si dans une journée quelqu'un doit gagner 6000, mais doit prendre 3000 francs de plus pour le carburant. "
Des experts estiment que le Cameroun a cédé à la pression du FMI, qui demandait de réduire les subventions des produits pétroliers, pour favoriser les investissements productifs. En revanche, le prix du pétrole lampant reste à 350 francs CFA. Idem pour le gaz domestique qui conserve son prix de 6 500 francs CFA.
Pour la primature, il s'agit, suite " aux très hautes instructions du chef de l'État ", Paul Biya, de " préserver les équilibres budgétaires face à la flambée des prix des produits pétroliers sur le marché international ".
Ces augmentations, qui interviennent dans le sillage de la mission d'évaluation du FMI, venue à Yaoundé en janvier, viennent s'ajouter pour les Camerounais à une hausse généralisée des prix depuis des mois et à la hausse de plusieurs impôts prévue dans la nouvelle loi de finances, votée début décembre 2022. Comme " mesures d'accompagnement ", le gouvernement annonce " une hausse des salaires des agents publics de 5,2% " et " propose " une " revalorisation du SMIG [salaire minimum interprofessionnel garanti] " en le faisant passer de 36 270 francs CFA par mois (55,45 euros) à 41 875 francs CFA (64 euros). Une insulte aux travailleurs selon le syndicaliste Jean-Marc Bikoko, président de la Centrale syndicale du secteur public, point focal du Cameroon Workers Forum (Cawof) Le Cawof invite les travailleurs à observer un arrêt de travail chaque lundi à partir du 15 février.
Jean-Marc Bikoko, président de la Centrale syndicale du secteur public
Du côté du ministère du Travail, la première réunion de la Commission nationale consultative du travail sur les salaires est convoquée pour le 8 février.