Plus de trois millions de personnes sont attendues aux urnes aujourd'hui en Éthiopie. Un référendum est organisé dans le sud pour la création d'une nouvelle région, la 12e de l'État fédéral. Un droit à l'auto-détermination contenu dans la Constitution éthiopienne de 1995, et qui a déjà entraîné la création d'autres régions ces dernières années. Certains craignent, à terme, un éclatement du pays.
Près de 19 000 agents sont déployés aujourd'hui dans le sud du pays pour organiser ce nouveau référendum. Ce vote fait suite à une pétition lancée par six zones et cinq districts de la région SNNP. Un vote approuvé en août dernier par la chambre haute du Parlement. Cette consultation pourrait entraîner la création d'une 12e région éthiopienne, signe selon certains d'une fragmentation au ralenti du pays depuis l'arrivée au pouvoir d'Abiy Ahmed.
Le Premier ministre avait lancé une libéralisation de la politique éthiopienne. Mais ce mouvement avait été interprété différemment dans le pays. Certains nationalistes espéraient la fin de la politique ethnique. Mais d'autres groupes y avaient vu une opportunité d'appliquer complètement la Constitution de 1995.
En effet, pour plusieurs chercheurs, " le vers est dans le fruit ". L'article 47 du texte fondamental donne à " chaque nation, nationalité et peuple ", " le droit d'établir leur propre état, à tout moment ".
Certains estiment que ce texte donne trop de place au caractère ethnique de la population, au détriment des valeurs et cultures communes partagées par les Éthiopiens. La crainte, à terme, c'est le morcellement progressif du pays, allant jusqu'à l'éclatement. Un phénomène particulièrement marqué dans la région SNNP où cohabitent 56 ethnies.
En novembre 2019, la région Sidama s'en était séparée après un référendum. Même chose en octobre 2021 avec la création du Southwest Ethiopia People's Regional State.