Après la RDC, le pape François est au Soudan du Sud. Au-delà des mots et gestes symboliques, quelle est la portée de ce déplacement ?
Comme à Kinshasa, le souverain pontife fera la promotion de la paix et la réconciliation dans le plus jeune pays du monde, déchiré par la guerre civile. Le Soudan du Sud, c'est un pays que le pape connaît bien, il est intervenu en 2019 notamment en faisant un geste fort pour apaiser les tensions.
Avant d'aller à Juba, à Kinshasa, la capitale du plus grand pays catholique d'Afrique, le pape François a multiplié les condamnations des violences meurtrières dans l'est de la RDC, appelant les dirigeants à mettre fin à la corruption et les jeunes à être "acteurs" de l'avenir du pays.
Le souverain pontife était également porteur d'un message de consolation et de paix, surtout à l'endroit des victimes des violences dans l'est de la RDC.
Poursuivre les éfforts
Au Soudan du Sud, c'est ce même message de paix que François apporte, selon Ettore Balestrero, le nonce du Vatican au Congo.
"C'est un pèlerinage de réconciliation et de paix qu'il fera avec l'archevêque de Canterbury et avec le modérateur de l'Eglise protestante d'Ecosse pour pousser à la paix et la réconciliation. Il a déjà pris beaucoup d'initiatives avec les deux autorités et il veut continuer à poursuivre cet effort avec eux sur le terrain au Soudan du Sud", a-t-il expliqué à la DW.
En 2019, un an après un accord de paix, François avait en effet reçu les deux frères ennemis, Salva Kiir et Riek Machar, au Vatican et s'était agenouillé pour leur embrasser les pieds en les suppliant de faire la paix. Ce geste symbolique très fort avait marqué les esprits.
Mais dans les faits, les appels du souverain pontife à la réconciliation n'ont pas été suivis de résultats palpables, puisque la violence perdure au Soudan du Sud.
Une force morale
A Juba comme à Kinshasa, nombreux sont qui ceux associent le passage du pape au retour de la paix mais pour Patrick Mboyo, chercheur en droit public et en sciences politiques à l'Université Paris-Saclay, c'est surtout une force morale que le pape apporte.
"Simplement cette force morale ne doit pas s'exprimer seulement quand il est sur le continent. Nous avons parlé du message fort qu'il a lancé quand il était à Kinshasa, j'espère qu'à Juba il gardera la même rhétorique... ça doit se poursuivre", précise-t-il.
Selon Patrick Mboyo pour avoir des résultats concrets, le pape devrait donc poursuivre son action après son départ du continent.
Alors que François est au Soudan du Sud, l'ONG Human Rights Watch a exhorté ce vendredi les responsables religieux à faire pression sur les dirigeants du pays pour "régler la crise actuelle des droits humains et l'impunité généralisée".