Afrique Centrale: Et le pape François ...

éditorial

Même si nous regrettons vivement que le pape François n'ait pas traversé l'immense fleuve Congo, en milieu de semaine dernière, pour venir à Brazzaville célébrer une messe dans le cœur de la très historique basilique Sainte-Anne, nous devons reconnaître que sa visite à Kinshasa a marqué profondément les esprits de la communauté chrétienne et que, de ce fait, elle restera à jamais inscrite dans la longue, très longue histoire de l'Eglise.

N'hésitant pas à aborder publiquement les problèmes auxquels notre voisine et notre sœur la République démocratique du Congo se trouve confrontée, le souverain pontife a, en effet, dénoncé les forces obscures qui s'acharnent à détruire l'unité du pays afin d'en exploiter, d'en voler les immenses ressources naturelles. Une dénonciation que résume parfaitement cet extrait de son allocution prononcée mardi dernier, au Palais de la nation, en réponse au mot de bienvenue que venait de prononcer le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo :

" Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants. C'est un drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles, la bouche. Mais ce pays et ce continent méritent d'être respectés et écoutés. Ils méritent espace et attention : retirez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l'Afrique ! Cessez d'étouffer l'Afrique : elle n'est pas une mine à exploiter, ni une terre à dévaliser ".

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Bien au-delà du Bassin du Congo, cette dénonciation des crimes de toute nature qui coûtent la vie à des milliers, des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, a lancé un avertissement que plus personne dans le monde ne peut ignorer ou feindre d'ignorer. Elle confirme le fait que l'Eglise catholique prend, d'une part, la juste mesure des drames que provoque la quête de l'argent sale par des organisations mafieuses qui tentent de recoloniser le Tiers monde et, d'autre part, que les chrétiens, qui sont très présents dans cette partie du monde, vont se mobiliser pour combattre ce fléau.

Ce que retiendra tout particulièrement l'Histoire de ce début du vingt-et-unième siècle est précisément le fait que le pape François, issu lui-même d'un continent du Tiers monde - l'Amérique latine - , a placé de façon claire la lutte contre le tribalisme et l'esclavage qui s'étendent à nouveau dans l'hémisphère Sud de la planète au cœur de la stratégie de la dernière phase de sa vie. Un message que la communauté chrétienne, qui compte plus de deux milliards de fidèles à travers le monde, peut et doit relayer avec force car elle sera alors entendue par les Grands de ce temps.

Jamais, finalement, la voix de la raison, de l'humanisme, du respect de l'autre ne s'est imposée de façon aussi claire dans la longue marche de l'humanité vers le progrès.

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