Mékhé — La municipalité de Mékhé, dans le département de Thiès, ambitionne de transformer la tannerie traditionnelle des femmes maures en une tannerie écologique, a fait savoir l'édile de la commune, Maguette Wade.
"Nous avons décidé d'en faire une tannerie écologique qui respecte le code de l'environnement et utilise le plus possible des produits verts. Nous ne sommes pas encore à la tannerie bio", a-t-il dit lors d'un entretien avec des journalistes de l'APS, en perspective du Conseil des ministres décentralisé prévu dans la capitale régionale, ce mercredi.
Il a insisté sur l'urgence pour la tannerie traditionnelle des femmes maures de s'adapter à la marche du monde, à l'économie verte.
"Cette tannerie s'inscrit dans la longue chaîne de valeur. Nous sommes en train de faire une mise à niveau de la tannerie des femmes maures afin de leur permettre de produire des peaux de meilleure qualité", a souligné Wade.
Il a ajouté qu'il fallait pour cela renforcer les produits écologiques et réduire la pénibilité des travaux des femmes.
"On a pensé que l'on peut moderniser en donnant des foulons (les barils), des écharneuses pour diminuer la pénibilité du travail", a avancé le maire de Mékhé.
L'édile a assuré que la municipalité avait un autre projet de tannerie structurante qui sera dotée d'un forage, d'une unité de production d'énergie et d'une unité de traitement du chrome (produit toxique) afin de réutiliser l'eau pour le fourrage.
"Il faut le chrome pour avoir une bonne peau. Je veux qu'à terme, on élimine les produits chimiques", a-t-il relevé.
Selon lui, les tanneries doivent pouvoir utiliser un produit de substitution comme le "nep-nep" (graine d'acacia nilotica) qui donne de "bonnes peaux écologiques" tout en préservant l'environnement.
"Nous encourageons les Sénégalais à faire des exploitations de nep-nep. Nous avons proposé à la grande muraille verte de les semer [... ] ce sont les fruits que nous utilisons pour la tannerie", a-t-il plaidé.
Maguette Wade a invité les tanneries sénégalaises à faire une exploitation complète des peaux et cesser de faire des "des wet-blues" c'est-à-dire des peaux semi-finies qui sont envoyées en Italie.
"Le Sénégal doit avoir une tannerie qui prend une peau lisse bien fini que l'on donne au cordonnier qui fait la chaussure", a-t-il insisté.