Ile Maurice: Saint-Brandon au coeur des controverses

Depuis le 20 janvier, les discussions autour de la gestion de Saint-Brandon vont bon train. Cet archipel a été loué à la compagnie Raphaël Fishing pour une durée illimitée. Une permanence que le ministre Maneesh Gobin trouve inadmissible. Comment toute cette discussion a commencé ? Est-ce vrai que ces îles ne sont pas bien exploitées ? Entrons dans le vif du débat.

Le naufrage qui a suscité le débat

L'affaire de Saint-Brandon prend des allures de telenovela. Tout a commencé, le 5 décembre dernier, quand le bateau de pêche Yu Feng, battant pavillon taiwanais, a fait naufrage au large de St-Brandon, sous la souveraineté de Maurice. Dès lors, les regards se sont tournés vers cet archipel comprenant environ 30 petites îles. Le 20 janvier, alors qu'on attendait toujours que le nécessaire soit fait pour que le Yu Feng ne cause pas de catastrophe écologique, comme cela a été le cas lors du naufrage du MV Wakashio, une autre discussion est lancée. L'Attorney General et ministre de l'Agro-industrie, Maneesh Gobin, convoque la presse pour exprimer son indignation que 13 des îles que comprend l'archipel sont occupées par la compagnie de pêche Raphaël Fishing depuis 1928, pour une période illimitée.

Les raisons de la colère ministérielle

Lors de cette rencontre avec la presse, le ministre a ajouté que le gouvernement a compris qu'il n'était pas possible d'accorder un bail illimité car la durée maximale autorisée, selon les lois du pays, doit être de 99 ans. Selon le ministre Gobin, le gouvernement n'a aucun contrôle sur l'archipel et l'occupation exclusive de ces îles par la compagnie de pêche ne bénéficierait pas du tout à la population mauricienne. Maneesh Gobin cite ainsi l'exemple du guano, qui regorge dans l'archipel et qui aurait pu être exploité par l'État. Le guano est le déchet des oiseaux et est considéré comme l'engrais naturel le plus efficace au monde.

Le hic

La déclaration du ministre est toutefois remplie de contradictions. D'une part, si les lois précisent que les baux ne peuvent être illimités, dans le cas de la compagnie Raphaël Fishing, après plusieurs années de poursuites judiciaires, le Privy Council, soit la plus haute instance judiciaire auprès de laquelle nous pouvons faire appel, a, en 2008, maintenu le bail de cette compagnie de pêche en s'appuyant sur une ordonnance de 1874. Un jugement connu sans nul doute déjà du gouvernement.

D'autre part, Raphaël Fishing Ltd apporte à la population mauricienne plusieurs tonnes de poissons et procure un emploi à une trentaine de Mauriciens. Cette compagnie apporte donc sa contribution à la population mauricienne. De plus, l'archipel comprend des postes pour les garde-côtes et les employés de la météo. Donc, il n'est pas tout à fait vrai de dire que le gouvernement mauricien n'a aucun contrôle sur l'archipel et ne sait pas ce qui s'y passe, d'autant plus que, comme le souligne la compagnie Raphaël Fishing, le gouvernement contrôle toutes les activités qui s'y déroulent, y compris les trafics maritime et aérien et la sécurité nationale.

Pas si simple de résilier le bail

Étant donné que le Privy Council a tranché en 2008 en faveur de Raphaël Fishing Ltd, il ne sera pas si simple de résilier son bail. Pour ce faire, il faudrait amender la Constitution, soit la loi suprême du pays qui régit toutes les autres. Or, pour y parvenir, il faudrait que trois quarts des parlementaires votent en faveur de cet amendement. Comme tu le vois, ce n'est pas si simple.

Que cache cette indignation ?

En montant ainsi au créneau, le ministre Gobin a suscité une réaction de l'opposition. Ses membres s'interrogent. "N'y a-t-il pas là un agenda caché ?" se demande le député travailliste, Arvin Boolell, qui craint, en effet, que le gouvernement envisage de vendre certaines îles de l'archipel St-Brandon à d'importants hommes d'affaires.

De plus, St-Brandon se trouve dans un endroit stratégique et pourrait intéresser les grandes puissances mondiales. En attendant de faire la lumière sur toute cette affaire, il serait intéressant de voir ce que le gouvernement compte faire dans les jours à venir. Vas-tu, toi aussi, suivre cette affaire de près ? Crois-tu que la compagnie de pêche pourra conserver son bail illimité ? Attendons voir.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.