Ile Maurice: Quand Ramgoolam impose son jeu !

Pendant que nous assistons à une gestion catastrophique des jours de pluies - qui, paradoxalement, ne met pas fin à notre situation de sècheresse ; pendant qu'on nous inflige une tentative de défense grotesque du gouvernement MSM qui tente de se dédouaner face aux drains bouchés ; pendant que le ministère de l'Éducation donne l'impression de ne plus savoir quand il faut envoyer nos enfants à l'école, voilà que se déroule, dans l'opposition, une guerre désormais ouverte entre Bodha et Ramgoolam.

Si le premier nommé se contentait jusqu'ici d'afficher ses ambitions d'incarner le rôle d'un Premier ministre du changement (slogan qui avait fait gagner SAJ lors des législatives de 82), aujourd'hui, il déclenche les hostilités en affirmant qu'il n'est pas convaincu qu'une alliance avec Ramgoolam puisse remporter les élections. "Se pa koz-koze ki bizin, me enn lekip ki pou reg problem kotidien", lâche-t-il.

Ce qui a déclenché une réaction ironique de Ramgoolam qui répond à Bodha en ces termes : "Li krwar li kapav vinn Premie minis ek li pou gagn eleksyon, tant mieux hein... " Et à Ramgoolam de rappeler que Bodha s'est exclu d'une éventuelle alliance ! Et d'annoncer fièrement l'action coordonnée des trois partis de l'opposition, qui ont décidé de se rendre à Pointe-Canon ensemble pour le dépôt de gerbes traditionnel le mercredi 1er février !

C'est ainsi qu'effectivement, les trois leaders se sont montrés unis, alors que Bodha s'y est rendu accompagné uniquement de ses partisans du RM. Ce qui n'a pas empêché l'ancien ministre de préciser, une nouvelle fois, les caractéristiques que devrait avoir un futur Premier ministre : "Détermination, vision et l'amour du peuple et de son pays." Celui-ci n'a pas manqué de souligner - à la suite d'une question de la presse - que, oui, il possède ces qualités !

Bodha a-t-il compris qu'il est en train de perdre sa place au sein de l'Alliance de l'Espoir au profit de Ramgoolam ? Le leader du PTr, lui, sait qu'il est sur le point de gagner le jeu de rapport de force entre lui et l'ancien ministre MSM ! En faisant un point de presse pour annoncer la rencontre entre les trois leaders, le recueillement dans l'unité au Morne et le début de la préparation des programmes, il essaie déjà de se mettre dans la peau de celui qui dirigera l'alliance de l'opposition traditionnelle et se positionne comme éventuel candidat au poste de Premier ministre.

Dans l'attente d'une décision de Jugnauth concernant le futur scrutin (les élections municipales ou générales), Ramgoolam a déjà commencé le même vieux jeu de la surenchère politique. Après la promesse de faire voyager nos aînés qui n'ont jamais pris l'avion (à La Réunion), le voilà qui annonce une révision des critères imposés aux étudiants de SC, qui n'ont pu poursuivre leur HSC à cause des cinq credits obligatoires ! Et, après avoir critiqué la gestion des inondations par le MSM, il glisse, entre deux analyses, qu'il a entendu dire que les services d'urgence n'ont pas reçu, selon ses informations, une compensation. "Mwa, si mo ti Premie minis, mo ti pou done."

Doit-on rappeler qu'en décembre, il avait promis à quatre catégories de travailleurs (enseignants, infirmiers, policiers et hospital attendants) une augmentation de salaire, à travers le PRB, s'il revient au pouvoir ? Une attitude qui a déclenché l'irritation du gouvernement MSM qui, après avoir pratiqué pendant des années la même surenchère politique, veut aujourd'hui dénoncer Ramgoolam.

Et c'est Gobin, l'Attorney General, qui s'en est chargé, accusant le chef des Rouges d'être atteint du syndrome de "kan mo ti la (... ) kan mo pou la". Bref, on l'aura bien compris. Après avoir mis Bodha K.-O. et après avoir fait taire certaines voix au sein de son parti, qu'il avait qualifié de Judas (ceux-là auraient, semble-t-il, une ligne de communication avec le MSM), et indifférent aux attaques de Varma ("Le PTr de 2023 est pire que celui de 2019", Week-End du 15 janvier), Ramgoolam impose progressivement son ambition personnelle : se présenter comme challenger de Jugnauth, qu'importe les critiques envers lui !

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