Le nouveau tarif du CEB entré en vigueur le 1er février se fera sentir début mars. À une période où la consommation est au summum, en raison de la chaleur.
L'augmentation des tarifs d'électricité a pris effet à partir de mercredi 1er février. Ainsi plusieurs foyers utilisant plus de 300 kWh, devront être concernés et la majoration devra elle tourner entre 19 % et 29,5 %. Le ministre de l'Énergie et des Services publics, Joe Lesjongard, a lui avancé qu'un peu plus de 350 052 consommateurs ne seront pas concernés car ils sont sous les 300 kWh. La hausse est comme suit : 19,2 % d'augmentation pour ceux qui consomment entre 301 et 500 kWh, 21,8 % pour ceux qui se situent entre 501 et 1000 kWh, 24,4 % pour ceux qui sont entre 1 001 à 1 500 kWh, 26,9 % pour la tranche se situant entre 1 501 et 2 000 kWh et 29,5 % pour une consommation de plus de 2 000 kWh.
Ainsi, selon les informations officielles disponibles, le kWh est facturé à l'unité. Pour les 25 premiers kWh, ils coûtent Rs 2,18 par unité. Puis de 25 à 50 kWh, le tarif est de Rs 3,04 par unité, de 50 à 75 kWh il passe à Rs 3,28 l'unité, puis de 75 à 100 kWh à Rs 5,45 par unité. Ensuite, les 100 kWh sont facturés à Rs 6,15 l'unité, les prochains 50 kWh à Rs 7,02 l'unité, et les 50 kWh suivants à Rs 7,90 par unité. À savoir qu'ensuite, le tarif des prochains 200 kWh sera de Rs 10,46 l'unité, et Rs 10,68 l'unité pour les 500 kWh suivants.
Selon Jayen Chellum, le secrétaire général de l'Association des consommateurs de l'île Maurice (ACIM), le moment pour une telle augmentation n'est pas propice. "Nous sommes actuellement en plein été et avec la chaleur, il est clair que l'utilisation de l'électricité est supérieure, notamment avec le ventilateur ou la climatisation. Définitivement, la consommation de l'électricité est à son plus haut niveau." Il explique que l'ACIM est catégorique et dénonce cette décision. "Le CEB a fait pendant plusieurs années des profits. Puis, il y a eu un manque de transparence total sur plusieurs projets et il y a eu l'annonce que le CEB est en déficit. Ce n'est pas aux consommateurs de payer pour cela." Jayen Chellum évoque aussi le work from home qui impactera sur les consommateurs prochainement.
Effet domino
La souffrance des consommateurs ne s'arrête pas qu'à cela. La hausse du prix de l'électricité a un effet domino sur les prix de vente de tous les produits et services. Les commerces et les usines, petits et grands, ne sont pas épargnés par cette augmentation. Ce sera au final les consommateurs qui devront débourser plus.
Pour l'utilisation commerciale et industrielle, différents tarifs sont applicables. Pour les consommateurs commerciaux, le tarif de l'électricité pour une consommation allant jusqu'à 400 unités reste inchangé à Rs 10,01 par unité. Pour une consommation se situant entre 400 unités et 800 unités, il augmente à Rs 10,65 par unité et pour une consommation de plus de 800, l'électricité coûtera Rs 11,16 par unité. Pour les industries, les tarifs sont Rs. 5,57 pour une consommation allant jusqu'à 500 kWh, alors que pour celle se situant entre 500 kWh et 1 000 kWh, ce sera Rs 5,78 par unité et Rs 5,78 per unité supplémentaire au-delà de 1000 kWh. Les prix à la source et le prix de revente seront ajustés dépendant du poids de la hausse de l'électricité dans la structure de prix.
Pour le directeur d'une entreprise manufacturière, cette augmentation est tout sauf une bouffée d'oxygène dans le contexte actuel. C'est surtout un coût qui s'ajoute aux autres augmentations du coût de la production. "Certaines opérations tournent 24 heures sur 24. La lumière et le fonctionnement des machines dépendent de l'électricité et même l'entrepôt pour certains produits notamment alimentaires... Mais il y a aussi les machines des récentes technologies qui sont plus économiques et les energy saver adaptés au système électrique pour réduire la consommation d'électricité. Mais les solutions vertes sont meilleures. C'est sûr que nous sommes en retard de ce côté-là. Et, il faut avoir les moyens pour investir dans ces solutions."
Certains business ont deux catégories de factures, à l'instar des boulangeries. Nasser Moraby, président de l'Association des propriétaires de boulangeries, indique que ces business font partie à la fois de la catégorie industrielle et commerciale. Ce qui fait qu'ils ont deux types de factures, une pour la production et une autre pour la vente du pain respectivement. Il fait ressortir que la consommation de l'électricité est conséquente pour la production de pain. "Il faut qu'on ait notre facture d'électricité pour que le comité exécutif puisse évaluer l'impact de cette hausse."
Quant à Yusuf Sambon, propriétaire de Valentina Mall et de l'enseigne Lolo et importateur, il explique qu'ils vont essayer d'absorber les coûts additionnels. Du moins, tant que ce sera possible. "Il faudra attendre un mois pour voir la facture. Selon nos calculs par unité utilisé, l'électricité coûtera environ Rs 800 000 de plus pour Valentina Mall comparativement aux mois précédents et environ Rs 200 000 à Rs 250 000 de plus pour le supermarché Lolo de Plaine-des-Papayes. C'est une grosse somme. Pour ceux qui louent un bâtiment, ce sera plus difficile d'absorber le coût. Tout dépendra de la facture et de l'enseigne."
Considérant l'aspect commercial et industriel, comme tous subiront les frais directs, Jayen Chellum lance un appel pour "un contrôle sur les prix des produits, comme les boissons gazeuses, pour éviter toutes sortes d'abus car des commerces pourraient augmenter leur prix avant même d'avoir leur première facture d'électricité."
Pour Suttyhudeo Tengur, président de l'Association pour la protection de l'environnement et des consommateurs (APEC), c'est une situation chaotique dans laquelle se retrouvent les consommateurs. Il va plus loin, relevant que "cela a aussi un impact sur l'économie, notamment la croissance, en diminuant la compétitivité des produits exportés par rapport à leur prix. Les devises étrangères seront affectées". Il est catégorique. "La hausse de l'électricité est politiquement incorrecte."