De nouvelles mesures de renforcement des finances publiques pourraient résorber le déficit budgétaire et enrayer la hausse de la dette
Après un solide redressement de l'économie au lendemain de la pandémie, la France a été frappée par un choc énergétique déclenché par l'invasion russe de l'Ukraine. L'inflation a augmenté et l'activité économique s'est ralentie. Toutefois, l'économie a continué de faire preuve de résilience et l'inflation est restée bien en deçà des autres pays de l'UE car la France est moins dépendante du gaz russe et a mis en place de fortes mesures de soutien : contrôles des prix du gaz et de l'électricité, réductions des taxes sur les produits pétroliers, versements de transferts et aides publiques aux entreprises. Toutes ces mesures ont permis d'amortir l'impact du choc des prix de l'énergie, mais ont coûté cher à l'État et ont été mal ciblées.
En raison en partie des mesures de soutien, le déficit budgétaire de la France est resté élevé et la dette a augmenté par rapport au produit intérieur brut. Tout comme les niveaux d'endettement public, qui sont de plus en plus élevés par rapport à ceux des pays comparables de la zone euro. Pour rapprocher le budget de l'équilibre et inscrire le taux d'endettement sur une trajectoire à la baisse, la France devrait entreprendre un assainissement budgétaire progressif mais considérable à moyen terme. Dans un premier temps, elle pourrait tirer parti de l'élimination progressive des aides accordées pendant la pandémie pour commencer à résorber modestement le déficit budgétaire en 2023, et procéder ensuite à un assainissement régulier, soutenu par des réformes des dépenses, tout en laissant une marge de manœuvre pour accélérer les investissements dans les transitions écologique et numérique.
Les autorités ont bien avancé en proposant des réformes dont le but est de développer le potentiel de croissance tout en réduisant les coûts budgétaires, comme la réforme des allocations chômage qui contribuera à accroître l'offre de main d'œuvre, ainsi que la réforme complète des retraites qui vise à équilibrer le système des retraites et à augmenter le taux d'emploi des travailleurs plus âgés en alignant l'âge minimum de départ effectif à la retraite davantage sur la moyenne de l'UE. D'autres réformes budgétaires pourraient notamment porter sur les domaines où les dépenses sont bien supérieures à celles des pays comparables ou sur ceux où les résultats sont insuffisants comme les exonérations fiscales, les prestations sociales, les soins de santé et les dépenses des collectivités locales. Au-delà des mesures budgétaires, d'autres réformes pourraient stimuler le potentiel de croissance, notamment des mesures visant à accélérer la transition écologique, à améliorer les marchés des produits et des services pour encourager la compétitivité, à revaloriser les compétences des travailleurs et à renforcer l'efficience du système éducatif.
Le secteur bancaire a bien résisté à la crise et a soutenu la reprise économique, mais les risques pour la stabilité financière dans le monde s'accentuent. Les autorités ont récemment décidé de relever le coussin de fonds propres contracyclique, norme de capitaux propres obligatoires, afin d'élargir la marge de manœuvre dont elles disposent pour se prémunir contre une soudaine détérioration des conditions financières. Une vigilance constante sera de mise pour parer aux nouvelles faiblesses dans les portefeuilles de prêt des banques.