Thiès — Les manufactures sénégalaises des arts décoratifs (MSAD) situées au quartier 10e de Thiès est un chantre de l'art visuel matérialisé par les tapis et tapisseries qui y sont confectionnés par des professionnels rompus.
Un savoir-faire constaté à la faveur d'une visite effectuée sous la conduite du directeur général de cet établissement public à caractère industriel et commercial.
La confection de tapis de prière et de sol, la sérigraphie, en passant par la céramique, l'impression numérique et le Batik entre autres divers aspects de l'art visuel y sont présents.
Ces créations sortent régulièrement des ateliers de production notamment la basse lice et la haute lice, les deux principales structures de confection des tapisseries et des tapis.
L'atelier de cartonnage est la première étape dans le processus de réalisation d'une tapisserie, étant le lieu où les dessins sont réalisés avant d'être transmis aux ateliers de tissage.
C'est à la suite d'un appel à candidatures que des artistes font parvenir leurs maquettes à la manufacture. Après quoi, un jury composé de membres du ministère de la Culture, du directeur de l'administration de l'Ecole des beaux -arts, de la direction des manufactures, du conseil d'administration et de quelques techniciens et du médiateur que les œuvres sont sélectionnées", explique Abdou Diouf un peintre cartonnier.
A l'en croire, le comité choisit des œuvres qui peuvent être adaptées en tapisserie qui demeure une technique très complexe avec des normes".
Une fois l'étape de la sélection dépassée, les MSAD procèdent à leur achat. "Ces œuvres ne peuvent être reproduites que huit fois par l'établissement bien qu'une édition spéciale peut être faite", fait savoir Diouf.
Il signale qu'avant de démarrer le cartonnage, une lecture est faite de l'œuvre choisie avant de la décalquer sur du papier transparent.
"Le calque est ensuite mis à l'envers parce que la tapisserie est tissée à l'envers pour avoir des tissus de qualité", a souligné l'artiste à la dizaine d'années d'activités aux MSAD.
Après le dessin, le cartonnier vérifie et rend le dessin plus foncé et davantage assorti afin de permettre de matérialiser toutes les couleurs de l'œuvre dans un chapelet de couleurs avant la numérotation.
"Chaque partie de l'œuvre correspond à une couleur sur la maquette. Cette codification va permettre d'identifier cette gamme de couleurs à travers les nuances et les notions de superposition de clair-obscur", a indiqué Abdou Diouf un ancien pensionnaire de l'Ecole des beaux-arts de Dakar.
Cette codification sert de repère au licier pour savoir le nombre de "baguettes" à utiliser pour la largeur de la chaîne et la hauteur, a ajouté Diouf.
A l'image des sérigraphes et des infographes, les liciers utilisent la technique du miroir puisque la tapisserie se fait à l'envers.
Devant un personnel vieillissant, les manufactures des arts décoratifs ont pris l'option en 2015 de former des jeunes aptes à s'insérer dans l'établissement pour renforcer l'équipe technique et le personnel.
Une trentaine de liciers de la basse lice et une dizaine de liciers de la haute lice en plus des deux peintres cartonniers s'activent aujourd'hui aux MSAD.
Parmi eux, Ndèye Fatou Mboup, Marie Augustine Faye, Ndèye Fatou Chimère Diaw Fall, Moustapha Cissé, Seydina Omar Cissé, Braya Traoré.
Ces jeunes maitrisent tout le processus de réalisation d'une tapisserie du montage des lices à la légalisation en passant par le bobinage, la recherche des couleurs etc.
Après le tissage, la levée de la tapisserie vient l'étape de la couture pour combler les vides entre deux couleurs ou nuances de couleurs. Ces travaux de finition précédent l'exposition des produits.