Kaffrine — La cité religieuse de Diamal, située à trois kilomètres de Birkilane (région de Kaffrine), et visitée par une équipe de l'APS en marge de la onzième édition du Festival national des arts et culture (FESNAC), est présentée comme un foyer religieux d'une grande réputation qui a formé de grands érudits de l'islam, a estimé le chef du village de Diamal, Serigne Ousmane Cissé.
Assis à côté du khalife général de Diamal dans la grande maison familiale, Serigne Mouhamadou Lamine Cissé et tous les notables du village, il est revenu sur l'histoire de ce temple islamique qui a donné naissance à de nombreuses écoles d'apprentissage du Coran à l'image de l'université de Pire.
Moins célèbre que Pire, la cité religieuse de Diamal, fondée en 1910 par El Hadji Abdoulaye Cissé Borom Diamal prépare à célébrer la 27e édition de sa ziarra annuelle prévu le 25 février prochain.
Sur la route qui mène à ce village, des champs se dressent de part et d'autre de la piste, témoignant de la place réservée au travail de la terre dans cette bourgade qui, au loin, offre comme premier décor les minarets de la grande mosquée, témoins de son orientation vers l'enseignement de toutes les matières des sciences islamiques du "Fiqh" le droit islamique à l'astronomie en passant par la grammaire et la littérature arabe.
Fils de Ousmane et de Awa Dramé, El hadj Abdoulaye Cissé, né en 1845 à Wanar (village qui abrite des cercles mégalithiques classés patrimoine mondial de l'Unesco), dans la commune de Mbabo (département de Birkilane), est un grand érudit de l'islam qui, très tôt, mémorise le Coran auprès de son père.
Ce foyer religieux reste une référence dans l'enseignement islamique au Sénégal, selon le chef du village de Diamal, Serigne Ousmane Cissé l'un des petits fils de Borom Diamal.
"En 1870, le marabout ou Borom Diamal a quitté le village sur ordre de son oncle El Hadji Malick Dramé, accompagné de quatre personnes, pour aller à Mbacké Kajoor, où il a rencontré, Mame Anta Saly Mbacké, père de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de la confrérie mouride, pour acquérir d'autres savoirs", signale-t-il.
El Hadji Abdoulaye Cissé reste quatre ans au daara de Mame Mor Anta Saly Mbacké pour se perfectionner davantage et acquérir de nouvelles connaissances, raconte Serigne Ousmane Cissé, ajoutant qu'il a ensuite séjourné à Saint-Louis avec beaucoup de ses talibés.
"C'est là-bas qu'il va nouer des relations d'amitié fraternelle avec El Hadji Malick Sy, figure de la Tidjaniya, initiateur du Gamou de Tivaouane, à qui, il va confier tous ses disciples à son départ pour la Mauritanie", témoigne Serigne Ousmane Cissé qui cite parmi les talibés de Borom Diamal : Elimane Sakho, le père d'El Hadji Ibrahima Sakho, plus connu sous le nom de Ibou Sakho, grand érudit tidiane, et Tafsir Abdou Cissé, père du fondateur de la cité religieuse de Pire, Ahmadou Cissé.
"A son retour de la Mauritanie, le marabout, Khaly Madiakhate Kala lui confia le daara de Chérif Lô, dans le département de Tivaouane, raconte le porte-parole de la famille. Ensuite, il part s'installer à Ndiary toujours dans la région de Thiès, puis à Kakoun dans le Cayor encore où plusieurs talibés originaires du Saloum sont venus le rejoindre."
Selon lui, c'est dans ce village, précisément en 1900, qu'il décida, avec une bonne partie de ses talibés et sur demande de sa mère de retourner au Saloum, avec son fameux cheval, "Gagangue".
Il rapporte que "lors de ce voyage, d'après feu Abdoul Aziz Sy junior, il avait laissé à El Hadji Malick Sy, plus de 50 talibés parmi ses disciples".
"C'est un grand érudit qui respectait les règles de l'islam. Il a reçu douze autorisations suprêmes. A Diamal, c'est lui-même qui a fondé le village, délimité l'espace de la mosquée, le mausolée, la place publique et les habitations", explique Serigne Ousmane Cissé.
L'enseignement de l'Islam, cheval de bataille de Borom Diamal
Dans cette cité religieuse où on dénombre plus de 40 daaras, des espaces sont réservés à l'apprentissage du Coran dans les maisons où des enfants âgés de trois ans et plus, bien assis sur des nattes, les hommes devant, les femmes derrière, s'adonnent à la lecture des versets coraniques.
Diamal maintient ainsi sa réputation de foyer religieux d'une grande réputation grâce à l'enseignement de l'Islam son cheval de bataille. "Depuis 1910, c'est un enseignement allant du primaire au niveau universitaire qui est dispensé", relève Serigne Ousmane Cissé.
Selon lui, beaucoup de personnalités religieuses ont fait leurs premiers pas à Diamal. Le guide religieux cite El Hadj Ibou Sakho de Louga, El hadj Omar Ndao de Darou Salam Nioro, l'école Makhtar Ouly Touré à Thioyene dans le Niombato, l'école de Babacar Koba Ndao à Pire, l'école Abdou Kandj, entre autres.
"Borom Diamal décédé en 1925 et enterré dans le village a formé beaucoup de générations. C'était un grand universitaire, un savant, un visionnaire, raison pour laquelle, il incitait ses talibés à l'apprentissage, à l'enseignement islamique et au travail surtout dans l'agriculture", révèle-t-il.
Diamal plaide pour sa modernisation
La cité religieuse est aujourd'hui préoccupée par les nombreux défis qu'elle doit relever pour changer son visage. Elle demande à bénéficier du programme de modernisation des cités religieuses mis en place par l'Etat du Sénégal.
"Tout le monde connaît Diamal et Borom Diamal. Nous demandons plus de considération pour Diamal comme les autres foyers religieux du Sénégal. Des programmes sont annoncés dans les autres foyers religieux, mais jamais on n'a pensé à Diamal. Nous défendons la modernisation de Diamal", plaide le porte-parole du khalife.
De grands projets sont annoncés par le khalife général de Diamal parmi lesquels, on note l'élargissement de la grande mosquée, de la place publique, la construction d'un mausolée, d'un daara moderne, une maison des hôtes et un poste de santé digne de ce nom, qui répond aux normes, énumère la famille d'El Hadji Abdoulaye Cissé, borom Diamal.
Chaque année, la cité religieuse organise une grande ziarra pour revisiter la vie, l'œuvre et les enseignements de Borom Diamal. Cette année, la 27-ème édition aura lieu le 25 février prochain, sous l'égide du khalife général de la famille, Serigne Mouhamadou Lamine Cissé, avec comme thème principal "le rôle de l'éducation religieuse dans la consolidation de la sécurité et de la stabilité sociale du pays".
Pour faire face aux nombreuses dérives notées dans nos sociétés, le khalife général recommande plus de discipline à la jeunesse, un respect aux guides religieux, aux institutions pour la stabilité du pays.
"Le Sénégal est une terre de paix et de stabilité. Il faut que tout le monde œuvre dans ce sens", a recommandé le marabout.