Genève/Nairobi, 7 février 2023 - Nous sommes profondément préoccupés par la sécurité des journalistes au Cameroun après l'assassinat d’un deuxième journaliste dans le pays en deux semaines.
Jean-Jacques Ola Bebe, présentateur radio et prêtre orthodoxe, a été retrouvé mort le 2 février près de son domicile dans le quartier de Mimboman, dans la capitale Yaoundé, apparemment abattu par des inconnus. Ce meurtre intervient onze jours après celui d’Arsène Salomon Mbami Zogo, plus connu sous le nom de Martinez Zogo, journaliste de renom et directeur de la station privée Amplitude FM, retrouvé mort cinq jours après avoir été enlevé devant un poste de gendarmerie à Yaoundé.
Ola Bebe et Martinez Zogo étaient tous deux des voix franches contre la corruption, utilisant leurs tribunes à la radio pour dénoncer des cas de détournement présumé de fonds publics. Ces dernières semaines, Ola Bebe a été le premier à demander que justice soit faite et que les coupables répondent de l'assassinat de Martinez Zogo, son proche associé.
En janvier, au moins trois autres journalistes camerounais ont signalé qu'ils avaient reçu de sérieuses menaces de la part de personnes non identifiées.
Les autorités camerounaises doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour créer un environnement propice au travail des journalistes sans crainte de représailles, et pour faire respecter le droit à la liberté d'expression tel qu'il est garanti par le droit international relatif aux droits humains, et également énoncé dans la Constitution du Cameroun. Une presse libre, indépendante et diversifiée est essentielle pour que les citoyens soient informés et en mesure de demander des comptes aux institutions publiques.
Nous notons que le président Biya a ordonné l'ouverture d'une enquête sur le meurtre de Martinez Zogo et que certaines arrestations ont été effectuées. Nous demandons aux autorités de veiller à ce que le meurtre d'Ola Bebe fasse également l'objet d'une enquête indépendante, efficace et impartiale et que les responsables de ces meurtres, à tous les niveaux, soient tenus pour responsables.
FIN