Vouloir commémorer la "tuerie" du 7 février 2009, c'est exhumer également les souvenirs des pillages et incendies (dont de la Radio Nationale) du "lundi noir" 26 janvier 2009.
Dans son Rapport sur les événements du 7 février 2009, le général Raoelina Jean Heriniaina pose d'ailleurs cette question: " le syndrome "26 janvier" était encore présent dans les esprits et sans verser dans un procès d'intention, qu'est-ce qui se serait passé si des manifestants ont pu s'emparer des armements stockés dans le magasin d'armes de la Garde Présidentielle ?". Les réflexions du général Raoelina, qui fut Directeur de la Sécurité Présidentielle, non en 2009, mais en 2002, gagnent à être connues.
Le général Raoelina reproche au ministère de la Défense de n'avoir pas pensé équiper les unités militaires de balles en caoutchouc. Mais, il impute clairement la principale responsabilité des événements du 7 février 2009 aux initiateurs de la marche vers et sur Ambohitsorohitra : "La responsabilité de ce malheureux événement incombe en premier lieu aux initiateurs de cette manifestation. En effet, cet événement n'aurait pas eu lieu si les manifestants n'étaient pas montés à Ambohitsorohitra". À propos de la "marche" du 10 août 1991, dans un article intitulé "Ni Iavoloha, ni 13 mai" (Madagascar Tribune du 12 août 1991), j'étais déjà arrivé à la même conclusion. Mais, la mémoire populaire, qui est en fait une amnésie collective, oublie que depuis le "précédent" du 13 mai 1972, les moulins à paroles de la place du 13 mai s'alimentent du sang des "martyrs" : 1991, 2002, 2009.
Extraits de ce Rapport, en attendant que la mise en place d'une commission d'enquête internationale, professionnelle et impartiale, mette fin aux fantasmes, à la récupération politique, et aux allégations mensongères. Le général Raoelina raconte, en effet, que vers 14 heures 50, alors qu'il était dans la partie Sud du palais d'Ambohitsorohitra, il a entendu un militaire s'écrier : "Misy mitifitra antsika izany" (on nous tire dessus). Il a également rapporté un élément apparu dans un reportage de la Radio Antsiva, le 8 février 2009 : "... nisy nitifitra avy any aoriana... " (il y eut des tirs depuis l'arrière des manifestants). Et au vu de la taille des blessures (occasionnées par des sorties de balles ?), le général exprime notre curiosité à tous : " On aimerait voir le rapport des experts en balistique concernant ces blessures".
(Début de citation) Il ne faut pas oublier que, outre le palais (présidentiel), il y a un cantonnement militaire dans l'enceinte du palais et qu'à ce titre, ce camp jouit du statut que peuvent avoir tous les camps militaires. Ce statut ne saurait être remis en cause, quelles que soient les circonstances, quels que soient les motifs qui ont poussé les manifestants à prendre de force le palais, quel que soit le nom du Président de la République, quel que soit le nom du leader des manifestants. Peut-on mesurer les conséquence que pourrait avoir le fait qu'à chaque fois qu'il y a un mouvement de contestation dans la rue, des manifestants s'en prennent au palais présidentiel et/ou à des cantonnements militaires?
La Garde Présidentielle n'a fait qu'accomplir sa mission. Les militaires étaient dans le palais parce qu'ils doivent y être et ils sont payés pour ça. La mission attribuée à la GP est claire et précise, stipulée dans le décret : la GP a accompli sa mission dans un cadre légal prévu par les textes en vigueur. Les actes accomplis par les forces de l'ordre ne doivent pas être considérés à travers le prisme de la politique politicienne.
Un palais présidentiel est, par définition, le premier centre national de décision d'un pays et, à ce titre, c'est le premier point sensible dans le catalogue des points sensibles. Si le rétablissement de l'ordre public nécessite une procédure spécifique (présence obligatoire de l'autorité administrative, avec symbole de son autorité, des réquisitions, des sommations), et une riposte graduée (la mission de rétablissement de l'ordre public, du maintien de l'ordre, du service d'ordre, est généralement dévolue à l'EMMO ; la mission de défense d'un "point sensible" est attribuée à une unité militaire), il n'en est pas de même en ce qui concerne la "défense d'un point sensible", car la défense d'un point sensible ne nécessite nullement des sommations. C'est ce qu'on nous a appris et c'est ce qu'on enseigne dans toutes les écoles militaires.
Comment peuvent-ils (des généraux retraités alors proches du régime de la Transition) confondre la procédure en matière de "rétablissement de l'ordre public" et la procédure en matière de "défense d'un point sensible" ? Les réflexions de ces généraux dénotent soit une mauvaise foi manifeste soit une incompétence avérée (avec tout le respect que je leur dois).
À propos de la rétrospective de la TV Plus, du 17 mars 2010 : (malgré les interventions du général Dolin), un homme qui peut être identifié formellement, A SCIEMMENT SOULEVÉ LA BANDE (rouge striée de blanc) ET PÉNÉTRÉ DANS LA ZONE DE DÉFENSE FERME, entrainant d'autres manifestants avec lui.