L'aviculture est une filière émergente. C'est une activité en plein essor qui génère des revenus conséquents pour les ménages, notamment en zone rurale et dans les localités périurbaines.
La filière avicole ne cesse de se développer ces dernières années dans la Grande île, avec une croissance annuelle à deux chiffres depuis cinq ans, sauf durant la crise pandémique. Le cheptel national s'élargit sensiblement, tout comme la production de provendes. La rapidité de rendement dans la filière attire les jeunes entrepreneurs. Néanmoins, le système de production et de commercialisation des produits issus de l'aviculture est appelé à se moderniser, la formation des éleveurs doit être renforcée et l'instabilité des prix sur le marché et la faible consommation avicole des Malgaches (2 kg de viande de volaille par personne par an) sont des problèmes à solutionner.
" Que ce soit au nord, au sud, à l'est ou à l'ouest de Madagascar, beaucoup de familles ou des petites structures fermières pratiquent l'élevage de poules. Il constitue l'une des principales sources de protéines (viande et œufs) et pallie à la sécurité nutritionnelle. Les litières et les déjections sont utilisées comme fertilisants organiques par les producteurs afin de favoriser l'agriculture durable ", indique le ministère de l'Agriculture et de l'Élevage (MINAE) dans sa note de présentation de la filière. Ce département qui note également que " l'aviculteur malgache fait face à des contraintes liées à la maîtrise de production. Les petits producteurs, majoritaires, sont particulièrement vulnérables du fait de la persistance des parasites et maladies et la cherté des intrants. Rares sont les aviculteurs ayant suivi une formation préalable. L'administration publique manque elle aussi de personnel qualifié pour conseiller et assister les producteurs ".
Actuellement, l'accompagnement technique est surtout proposé par des opérateurs privés. Mais l'État a décidé de renforcer son appui à la filière avicole. Ainsi, pour les éleveurs de poules pondeuses et de poulets de chair, un référentiel ou cadre de références réglementaire a été élaboré. " Les référentiels contiennent des savoir-faire et des savoir-être, les compétences, la certification et la formation qu'un éleveur doit avoir, il est important pour que le métier soit reconnu socialement et professionnellement ", a expliqué le ministère. L'objectif, a-t-on indiqué, est de moderniser la filière et améliorer les revenus des paysans par des actions comme la distribution de coquelets.
Diverses entités en appui
Aujourd'hui, plusieurs organisations et projets œuvrent au profit de la filière avicole. Ainsi, à titre d'exemple, plusieurs dizaines de projets entrepreneuriaux dans l'élevage de poulets de chair ont bénéficié un financement dans le cadre du projet " Akoho Nakà " qui est un volet du programme Fihariana. L'objectif est d'améliorer les conditions de l'entrepreneuriat rural dans le pays. Le montant du financement peut atteindre 36 millions d'ariary par éleveur. Il s'agit d'un financement à rembourser avec un taux d'intérêt de 5%, ce qui est beaucoup plus abordable par rapport à celui des banques et des microfinances. En plus du financement, les bénéficiaires ont obtenu plus de 40 000 poussins.
Du côté du MINAE, on soutient que les femmes rurales et surtout les groupements de femmes rurales font partie des cibles prioritaires des appuis apportés. Mais les responsables publics envisagent aussi de faire bénéficier la filière des innovations technologiques. En effet, des outils modernes sont disponibles pour booster le rendement. Il est désormais possible, par exemple, de suivre les animaux de manière quotidienne, en continu et en temps réel grâce à des données générées par des équipements de précision présents en élevage de volailles. Ce suivi permet d'avoir un pilotage plus précis de la production, avec des alertes pour anticiper et réagir au plus vite.
" L'innovation numérique en volaille, c'est un rendement accru, un impact positif sur la santé, l'environnement et le bien-être des volailles, c'est aussi une manière d'attirer l'attention des partenaires investisseurs potentiels ", soutient Hanitra Raharimanantsoa, qui vient de lancer un projet fermier innovant dans la localité d'Andranovelona. Et notre interlocuteur d'ajouter que, dans d'autres cieux, les élevages de volailles sont de plus en plus connectés et le nombre de données mesurées exploses. " À côté des données de performance classiquement analysées (courbe de ponte, indice de consommation, etc.), viennent des nouvelles données telles que la consommation d'antibiotiques, le taux de pododermatites, les paramètres d'ambiance (température, hygrométrie, concentration en CO2), ou des caméras et même des enregistrements sonores ".