Colonisation, décolonisation, mouvements populaires de 1972, de 1991, de 2002, de 2009, élection présidentielle ni.ni de 2013, ces temps forts de la vie politique malgache ont entraîné mobilisations et déceptions, blessures et morts d'homme, ruptures et fractures sociales.
Madagascar s'apprête à organiser une élection présidentielle en 2018. La CENI s'y prépare sérieusement. Cependant, des doutes de détournement du verdict des urnes planent. Ni les règles de jeu, ni les organisateurs, ni les arbitres de cette compétition électorale ne rassurent les joueurs. Le terrain de jeu chaotique, décrit ci-après, ne se prête pas davantage à recevoir une compétition de cette envergure.
Les abus des prérogatives de puissance publique, la corruption, le non-respect de l'État de droit, l'interdiction de manifestation publique sauf pour le parti au pouvoir, l'immoralité sur le financement électoral, l'insécurité, inquiètent. Comme un bateau sans boussole, en plein océan, la Grande île perd ses repères et chavire au gré des vagues.
Évitons de faire fausse route. Comme dit le proverbe malgache: " Toko tapaka, vilany mîtongilana, izay tsy mety arenina ", acceptons de voir et de redresser ensemble ce qui ne va pas. Certes, vous détenez le pouvoir, oui, vous êtes dans l'opposition. À présent, cherchez ensemble la voie qui évitera de tomber dans une nouvelle crise, fatale pour notre économie. Œuvrons ensemble pour assurer une alternance démocratique au pouvoir. Celle-ci ne se décrète pas.
Les Malgaches aspirent à vivre ensemble en paix. Les jeunes ont le droit de trouver du travail. La société civile et les syndicats méritent plus de considération et d'écoute. Les courants d'opposition traduisent la vitalité de la démocratie dans un État républicain. Ensemble, en respectant nos différences, nous trouverons le moyen d'aller de l'avant et d'asseoir enfin la paix et la stabilité.