Afrique de l'Est: Après le Sommet des Chefs d'Etat de l'EAC à Bujumbura/ Goma - La population en colère exige le départ des Forces de l'Afrique de l'Est

Les mouvements de la société civile du Nord-Kivu ont décrété Goma " ville morte" à dater d'hier lundi 6 février. Mais, cet appel à la " ville morte " s'est transformé à une manifestation de rue. Des barricades étaient visibles jusque tard dans la soirée sur plusieurs axes routiers et de nombreuses activités sont restées paralysées. Des actes de vandalisme et de pillage ont même été signalés. Quelques blessés également auraient été enregistrés.

Les manifestants dénoncent l'inactivité de la force régionale de l'EAC (la communauté d'Afrique de l'Est) face aux rebelles du M23. Ce mouvement de colère qui devait impliquer toute la province du Nord-Kivu, devait s'étendre durant toute la semaine en cours.

En outre, la population de Sake, sur le lac Kivu, toujours dans le collimateur du M23, a également manifesté sa colère à l'endroit des troupes étrangères. La ville de Goma a tourné au ralenti. Pas d'école. La plupart des magasins sont restés fermés. Il n'y a presque pas eu de taxi et de taxi-moto en ville. Cependant, d'autres manifestants voulaient traverser la frontière avec le Rwanda. Ils ont été stoppés par la police.

Il sied de rappeler qu'après Rutshuru, les affrontements ont atteint le territoire de Masisi. Ces affrontements vont à l'encontre du cessez-le-feu décidé par les chefs d'État d'Afrique de l'Est, dont la RDC et du Rwanda, réunis au Burundi samedi 4 février dernier.

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Appel au calme du gouverneur militaire

Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima, a rencontré les manifestants pour les appeler au calme et à la retenue. Ces derniers lui ont exprimé leur désir de voir les soldats de la force régionale aller au front en appui aux militaires congolais.

Dans un communiqué rendu public, le gouverneur militaire du Nord-Kivu a fait savoir que des personnes " mal intentionnées " infiltrent la population lors de ces manifestations, pour s'attaquer aux propriétés privées, aux biens publics et aux partenaires du gouvernement congolais.

Et d'insister : " Le rapport des services spécialisés en ma possession fait état de plusieurs dérapages et débordements sur le terrain, dont les actes de pillage et de barricade des avenues. Vous conviendrez avec moi que la Province du Nord-Kivu traverse actuellement des moments difficiles du fait de l'agression injuste nous imposée par le M23/RDF et que, se livrer à des actes de pillage et de débordement ne fera que sombrer davantage notre Province dans une situation d'asphyxie économique ; ce qui va beaucoup plus profiter à l'ennemi qu'à notre population. Au regard de ce qui précède, et partageant les mêmes soucis que ma population, je lance un appel patriotique au calme et à la retenue ".

Ce, avant de déplorer que les barricades des routes risquent " d'empêcher " les services de Défense et de sécurité de bien sécuriser la ville de Goma. " De même, il est important de laisser libre circulation aux agences humanitaires et les ONG qui s'emploient à apporter l'assistance à nos compatriotes déplacés dans des camps," insiste l'autorité provinciale, qui rassure que les revendications ont été " bel et bien entendues", a-t-il conclu.

Les organisateurs de ces manifestations ont compris le message du gouverneur. Ils appellent à la reprise des activités dès aujourd'hui mardi 7 février et accordent une semaine aux autorités pour trouver des réponses adéquates à leurs revendications. Et de mettre en garde : " Cela va permettre aux écoliers de poursuivre avec les examens scolaires, mais également aux familles de faire des provisions dans leurs maisons vu que la population vit au taux du jour. Si, endéans une semaine, le gouvernement congolais ne fait rien pour trouver des solutions aux revendications du peuple, les manifestations non-stop reprendront jusqu'au départ de l'EAC et de la MONUSCO ".

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