Dakar — L'Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev Afrique) mène une campagne en vue de la création au Sénégal d'une taxe parafiscale sur les produits du tabac, pour un meilleur financement public de la santé, a appris l'APS mardi de ses dirigeants.
Les recettes générées par cette taxe doivent servir à financer la lutte contre le tabagisme et à soigner plusieurs maladies, a expliqué son directeur exécutif, Amadou Kanouté.
"Pour résorber le déficit constaté dans le financement des programmes de santé, Cicodev Afrique a décidé de lancer une campagne de plaidoyer, dont l'objectif est d'avoir un décret instituant une taxe parafiscale sur le tabac, pour financer la lutte contre le tabagisme et les maladies non transmissibles", a-t-il dit lors d'un atelier de l'association de consommateurs.
Le but de cette rencontre organisée en présence de journalistes en santé est de "discuter de cette question extrêmement importante du financement de la santé en général, mais surtout de la lutte contre le tabagisme et les maladies non transmissibles", a précisé M. Kanouté.
Au Sénégal, a-t-il rappelé, le budget alloué cette année au secteur de la santé s'élève à 242,4 milliards de francs CFA, soit 4,7 % du budget de l'Etat pour la même année.
Ce montant est "encore loin des 15 % recommandés par la déclaration d'Abuja adoptée en 2001 par l'Union africaine, concernant le financement public de la santé en Afrique.
Selon le directeur exécutif de Cicodev Afrique, au Sénégal, le ministère de la Santé n'octroie que 25 millions de francs CFA par an à sa politique de lutte antitabac.
Les soins médicaux des maladies non transmissibles, dont l'hypertension artérielle, le cancer et le diabète, absorbent 30 % des dépenses nationales de santé au Sénégal, a dit le consumériste.
Le tabagisme a coûté 122 milliards de francs CFA à la société sénégalaise en 2017 et ne lui a rapporté que des recettes fiscales de 24 milliards, soit un déficit de 98 milliards, a dit Amadou Kanouté, en citant une étude menée la même année par le Consortium pour la recherche économique et sociale.
Le coordonnateur Afrique de la Campagne pour une jeunesse sans tabac, Mamadou Bamba Sagna, estime que la taxe parafiscale est un moyen de "financement durable" de la lutte antitabac et des maladies non transmissibles.
La santé doit bénéficier de taxes parafiscales, à l'instar d'autres secteurs, a soutenu M. Sagna, en proposant le prélèvement d'une taxe sur l'alcool et d'autres produits nuisibles à la santé, pour le financement public de la santé.
Le tourisme et l'habitat tirent profit d'une taxe supplémentaire sur le ciment, et une taxe prélevée sur les billets d'avion est utilisée pour financer les infrastructures aéroportuaires, a-t-il rappelé lors de l'atelier.