Afrique: Le PNUD analyse les chemins de l'extrémisme en Afrique

Un habitant du village de Dan Kada, dans la région de Maradi, au Niger, profite d'un programme de nourriture et d'argent contre le travail
7 Février 2023

D'après un rapport, le manque d'opportunités professionnelles est le principal facteur qui pousse à rejoindre les groupes extrémistes violents en Afrique subsaharienne.

Le programme des Nations Unies pour le développement, PNUD, précise qu'un quart des recrues volontaires ont mentionné le manque d'opportunités d'emploi comme principale raison de leur adhésion aux groupes extrémistes violents, soit une augmentation de 92 % par rapport aux conclusions menées par l'organisation il y a six ans.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la religion constitue la troisième raison d'adhésion, selon 17 % des personnes interrogées, soit une baisse de 57% par rapport aux résultats des études de 2017.

Le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, le Mali, le Niger, le Nigéria, la Somalie et le Soudan sont les pays où les entretiens ont été menés avec d'anciens membres de groupes extrémistes violents, à la fois des recrues volontaires et forcées. Au total, 2200 personnes ont été interrogées.

L'importance de la réinsertion socio-professionnelle

Pour Seidik Abba, qui a longtemps travaillé sur ces questions, l'un des principaux enjeux de l'identification de ces facteurs de l'embrigadement des jeunes, est qu'il permet d'apporter une solution efficace au problème. "Pour l'instant ce qui n'a pas marché dans les réponses apportées, c'est qu'on n'a pas pu identifier les raisons et on n'en a pas tenu compte dans la construction des réponses qu'on a pu apporter," explique Seidik Abba à la Deutsche Welle.

"L'exacerbation du phénomène de terrorisme dans nos pays, est certes lié en grande partie à des questions économiques, mais il faut faire attention pour ne pas tomber dans les travers de la simplification du problème," explique un autre expert qui a requis l'anonymat.

Il insiste sur le fait que "les violences qu'on constate consacrent l'échec des programmes de développement, mis en œuvre par les État et leurs partenaires techniques et financiers. Ces programmes sont déjà bien souvent assez insuffisants et inadéquats pour créer des emplois durables, ceci dit, l'une des causes essentielles du problème concerne la déstructuration sociale, écologique et psychologique".

Quid des solutions ?

Dans son livre "Voyage au cœur de Boko Haram", Seidik Abba présente les témoignages recueillis auprès d'anciens combattants de Boko Haram.

Une des pistes proposées par le PNUD consiste à mettre en place des mesures incitatives pour favoriser le désengagement. Pour ce faire, les communautés locales jouent un rôle central pour soutenir les voies durables de sortie de l'extrémisme violent et ce en parallèle avec les programmes d'amnistie mis en place par les gouvernements nationaux. C'est ce que soutient aussi l'écrivain et journaliste, Seidik Abba.

"A partir du moment où l'on prend ce genre d'initiatives, il n'y a pas de risque que les repentis rentrent dans les rangs parce que leur réinsertion sociale ou professionnelle a échoué. Mais il y a des cas, dans des pays autres que le Niger où les repentis n'ont pas été pris en charge, ils ont été voués à eux même, et au bout de quelques années voire quelques mois, ils sont repartis dans les rangs de groupe djihadistes parce que sur place il n'y avait pas de prise en charge et il n'y avait pas d'accompagnement. Ils sont retournés à l'oisiveté et à l'inactivité qui était la raison de leur départ" explique-t-il.

Dans les cas des repentis qu'il a pu rencontrer au Niger, la plupart ont été pris en charge soit à Niamey soit à Goudoumaria et ils ont bénéficié d'une formation et d'une réinsertion socio professionnelle.

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