Dan Nan Ambassagou donne jusqu'au dimanche 12 février aux autorités de transition pour réagir suite à la réapparition des groupes armés dans le centre du pays.
Une réaction d'ici le dimanche 12 février...C'est en tout cas, l'ultimatum que donne Youssouf Toloba, le chef d'état-major du groupe d'auto-défense Dan Nan Ambassagou composé essentiellement de chasseurs dogons. Dans un message audio publié sur les réseaux sociaux, le leader de cette milice qui compte plus de 8000 combattants dénonce ce qu'il qualifie d'abandon par l'armée des localités qu'elles avaient reconquises et qui sont aujourd'hui sous le contrôle des groupes djihadistes.
La diffusion du message audio de Youssouf Toloba coïncide avec la visite officielle au Mali de Serguei Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères.
En effet, le dimanche 05 février 2023, le chef de Dan Nan Ambassagou, un groupe d'auto-défense crée en 2016, s'est alarmé de la dégradation de la situation sécuritaire dans les régions du centre du Mali. Youssouf Toloba n'exclut pas de mener des actions d'auto-défense si l'Etat ne réagit au terme de l'ultimatum fixé.
" J'avais dit dans mes précédentes sorties que l'armée était dans une phase ascendante et que les choses évoluaient dans le bon sens. Aujourd'hui, de Douentza dans la région de Mopti à Niono dans la région de Ségou, les groupes djihadistes sont en train de reprendre le contrôle des localités dans lesquelles, ils avaient été chassés par l'armée. Aujourd'hui, je me pose la question de savoir si la montée en puissance de l'armée n'est finalement qu'une illusion. Le 29 janvier dernier, il y a eu des attaques à 12 kilomètres de Bankass, nous avons alerté les autorités, mais il n'y a aucune réaction" explique-t-il.
Une insécurité grandissante
Issa Goro, ressortissant du cercle de Koro dans le centre du Mali, Il décrit cette insécurité dans sa localité de Dinangourou, mais aussi de Yoro, toujours dans la région de Mopti, en proie à d'importants déplacements de populations en raison des menaces répétées et de la présence des groupes armés.
Selon lui " fin décembre 2022, il y'a eu le déplacement de 5 villages de Yoro dans le cercle de Koro. On compterait environ 9000 personnes qui se sont déplacées vers la ville de Yoro. Ils se sont tous déplacés pour fuir le retour des groupes armés. Ils n'avaient pas donc d'autres choix que de regagner la ville de Yoro".
Pour Siriki Kouyaté, porte-parole du mouvement Yerewolo Debout sur les Remparts, une organisation de la société civile proche du pouvoir, l'alerte du leader du groupe d'auto-défense Dan Nan Ambassagou n'est pas à minimiser.
"Ce n'est pas seulement un ultimatum, mais c'est aussi un cri de cœur de Youssouf Toloba qui est le chef d'Etat major de Dan Nan Ambassagou. Il fait l'état des lieux par rapport à ce qui se passe dans sa zone. Il disait dans un passé récent que l'armée monte en puissance et que les autorités sont alertées que la réaction était immédiate. Maintenant, s'il apporte cette précision, nous devons avoir la lucidité de prendre cela au sérieux" explique-t-il à la DW.
Le groupe d'auto-défense Dan Nan Ambassagou réclame des autorités de transition, des dispositifs de sécurité à long terme pour protéger les populations qui vivent dans les localités de Koro, Bankass ou encore Bandiagara, dans le centre du Mali.
