Dakar — Le Doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de l'université Cheikh Anta Diop, Alioune Badara Kandji, a annoncé, mardi, l'ouverture prochaine d'un institut d'enseignement et de recherche dédié aux langues africaines pour promouvoir la pensée du parrain de l'UCAD décédé le 7 février 1986.
"Dans cette dynamique de promouvoir et de s'approprier la pensée de Cheikh Anta Diop, nous avons eu comme projet lorsqu' on a été élu doyen l'année dernière de mettre en place un institut des langues africaines", a-t-il déclaré lors d'une cérémonie de commémoration à l'UCAD de la disparition de Cheikh Anta Diop (1923-1986).
Pour lui, "il est très aberrant qu'une faculté des lettres de l'université qui porte le nom de Cheikh Anta Diop ne dispose pas d'une structure d'enseignement et de recherche dédiée aux langues africaines. C'est pourquoi nous avons pensé à ce projet"
Cet institut dont le projet est aujourd'hui dans une phase très avancé, car validé par plusieurs instances facultaires, pourrait démarrer en 2024, a fait savoir le Doyen Alioune Badara Kandji.
"Le projet de cet institut a été déjà validé par différentes instances de la faculté, il reste que la dernière qui est le conseil académique pour qu'il soit opérationnel", a-t-il ajouté.
"Ce sera un institut d'enseignement des langues nationales et africaines, un institut d'enseignement et de recherche. Les langues comme le wolof, le sérère, le pulaar, et d'autres langues y seront enseignés", a expliqué Pr Kandji.
La mise en place de cet institut vise à accompagner la politique de l'Etat qui s'est inscrite dans un bilinguisme avec la promotion des langues nationales dans l'enseignement élémentaire et secondaire, a-t-il relevé, soulignant que l'enseignement supérieur doit aussi suivre cette orientation de l'Etat.
Cette journée initiée par des étudiants du département d'histoire et le club antique de la faculté de lettres et sciences humaines sur le thème "Cheikh Anta Diop, père de l'école africaine d'égyptologie", permet de vulgariser la pensée du savant sénégalais, "un homme multidimensionnel, un penseur, un chercheur", selon Alioune Badara Kandji.
"Cheikh Anta Diop n'est pas très connu, nous devons faire en sorte que Cheikh Anta Diop soit prophète chez lui parce que sa pensée est toujours d'actualité. Le débat sur les programmes scolaires soulevés récemment par des élèves de l'école publique qu'ils trouvent hors contexte par rapport à nos réalités, Cheikh Anta Diop l'avait déjà théorisé", a estimé le doyen de la faculté de lettres et sciences humaines.
"La pensée de Cheikh Anta est une réflexion intéressante qui pourrait inspirer les politiques publiques, des politiques sur l'éducation, l'économie, la culture, etc.", a-t-il ajouté.
Alioune Badara Kandji a aussi émis son vœu de voir l'institut d'égyptologie ouvrir ses portes l'année prochaine.
"L'institut d'égyptologie existe sur les papiers, car il a été validé par l'Assemblée de l'université, mais il n'est pas opérationnel, on va s'y mettre pour qu'il soit fonctionnel et ouvre ses portes parce qu'il est important dans le dispositif de formation et de recherche de la faculté de lettres et sciences humaines", a dit le doyen.
Il sera un institut "de prestige" parce que l'égyptologie est une discipline de prestige et il permettra de vulgariser la pensée du parrain de l'université de Dakar, a-t-il ajouté.
Pour le professeur Babacar Diop dit "Bouba", la mise en place de l'institut des langues africaines qui arrive au bon moment, est "important et stratégique".
"Au niveau de la faculté de lettres, beaucoup de gens attendaient cette structure, car c'était un paradoxe de voir tout cet effort fait par de grands penseurs comme Cheikh Anta Diop, et le président Léopold Sédar Senghor sur la langue et que nos instituts n'aient pas accéléré la cadence", a-t-il dit.
Le professeur Bouba Diop annonce qu'il y aura de nombreuses autres activités tout au long de l'année pour commémorer le centenaire de la naissance de Cheikh Anta Diop, le 29 décembre 2023.