" Je pense que l'Etat n'a pas réussi sa mission de création d'emplois suffisants et décents, surtout quand il parle de l'emploi des jeunes. Les types d'emplois qui sont créés aujourd'hui, qui cherchent à combler le vide, sont des emplois précaires. Donc la plupart des emplois qui sont créés à travers les agences ou à les programmes " XEYU NDAW NI ", ne sont pas vraiment des emplois comme on le souhaiterait. Parce que pour nous, un emploi, c'est quelque chose qui permet à quelqu'un de gagner un salaire décent mais c'est surtout de pouvoir bénéficier d'une protection sociale, d'avoir une retraite, de pouvoir bénéficier de prestations de la Caisse de sécurité sociale quand il est victime d'accident, de pouvoir disposer d'une institution de Prévoyance maladie qui lui permet de se soigner quand il est malade et ou de prendre en charge sa famille.
Si nous regardons tout le panorama des créations massives d'emplois à travers les différents départements ministériels, ce sont peut-être des solutions pour ceux qui n'ont rien à faire. Mais pour ceux qui ont appris, qui ont des diplômes, ce ne sont vraiment pas des emplois. Maintenant, le problème qui se trouve au Sénégal, c'est que non seulement on met beaucoup d'argent dans ces différents programmes-là qui n'ont pas une viabilité à long terme mais qui sont à l'arrivée des choses qui vont disparaître. Vraiment, la question de l'emploi telle qu'elle est prise en charge, n'est pas la meilleure formule qui permettrait de créer des emplois.
La solution, c'est de mettre les conditions qui permettent de développer des programmes. Par exemple, les programmes agricoles. Comment inciter par les mesures qui permettent à des privés de pouvoir aller dans l'agriculture, créer de la valeur, créer des entreprises ou des structures de transformation des produits de l'agriculture, de la pêche, de l'élevage. Par exemple, quand on crée des DAC (Domaines agricoles communautaires), des programmes d'agriculture intensifs, il faut mettre en place des dispositifs de transformation, mettre en place des dispositifs qui permettent de transporter ces produits vers des usines qui les transforment.
Donc je pense que tout ce que nous avons jusqu'à présent théorisé en termes de prendre l'agriculture comme moteur de notre développement, n'est pas encore mis en œuvre correctement. Parce que les politiques qui sont mises en place ne sont pas propices à pousser ou créer des entrepreneurs locaux ou de grandes entreprises sénégalaises ou étrangères qui viennent avoir les dispositions nécessaires pour créer des pôles industriels réels de développement à travers l'agriculture, l'élevage et la pêche. Et ça, c'est une chaîne qu'il faut mettre en place, du produit récolté jusqu'à la distribution jusqu'à la transformation et autant de chaînes de valeur peuvent être créées autour de ça. C'est ça qui permettra à l'arrivée de pouvoir mesurer réellement la faisabilité.
Le rythme auquel les DAC sont créés, est très lent. Même les bailleurs de fonds l'ont reconnu. Maintenant à travers ces DAC aussi, quels sont les politiques intensives qui viennent les accompagner pour qu'effectivement, ils puissent générer des ressources additionnelles pour les zones où ils sont implantés, pour que les jeunes qui y travaillent puissent bénéficier d'une prise en charge sociale ? "