Les lignes de haute tension bougent au sein de la Jirama. Rivo Radanielina, directeur général par intérim, sous le coup d'un mandat d'arrêt, restant introuvable, le conseil d'administration de la Jirama vient de décider de confier les rôles et attributions de la direction générale par intérim à deux cadres supérieurs de la société nationale de distribution d'eau et d'électricité.
Les " heureux élus " sont Désiré Marcel Randrianarisoa, coordonateur de l'électricité, et Haingomampianina Rasoava, qui s'occupe du commerce et des ventes membre du conseil d'administration de la Jirama. Selon une note de décision datée du 2 février 2023, " le premier se chargera de tout ce qui concerne les activités des directions générales et les activités liées à l'électricité dans tout Madagascar. Pour le deuxième, ses fonctions englobent toutes les autres activités de la compagnie ". Ces mesures ne peuvent que satisfaire les syndicalistes. Qui ont toujours milité pour la promotion interne. Et voient d'un très mauvais œil la venue d'un intrus à la tête de " leur entreprise ".
Ces deux intérimaires n'occuperont leurs postes que jusqu'au 31 mars. Le dernier délai pour Rivo Radanielina de reprendre sa place. Mais avec les poursuites qui planent sur sa tête, il ne serait pas assez fou pour faire l'imbécile. Passé ce délai, " il sera considéré comme ayant abandonné son fauteuil " précise la note en question. Il a lui-même fixé cette date de son éventuel retour.
"Chaise éléctrique"
Rivo Radanielina a motivé son départ pour cause de maladie, le 7 novembre 2022. Il a été placé sur cette "chaise électrique" en octobre 2021, . Mais il a été accusé de détournement de fonds. Comme son prédécesseur Vonjy Andriamanga, du reste. Impliqué dans la distribution, sans motif convaincant, de primes de performance à une partie du personnel. Au moment même où la Jirama était incapable de fournir les besoins en électricité de ses abonnés. Contraints de vivre d' interminables délestages. Qui ont pénalisé les industriels, les nombreuses professions libérales comme les cybercafés, les soudeurs, les salons de coiffure, les poissonneries, les pâtissiers et boulangers, les épiceries...
L'errance des dirigeants de la Jirama a été épinglée par les sommités de la Banque mondiale. Pour " des dépenses inéligibles au regard des termes de références du Projet d'amélioration de la gouvernance et des opérations dans le secteur électricité, PAGOSE ". La Jirama a été obligée de rendre 634 719 dollars à la Banque Mondiale. Sans compter les 500 milliards d'ariary au titre de subventions dans la loi de finances rectificative 2022, contre les 380 convenus avec le Fonds monétaire international, dépensés en septembre. Alors que ladite loi n'a été adoptée qu'au mois de mai lors de la session ordinaire du Parlement.
Dans la foulée, la Jirama, sous la pression de la Banque Mondiale, a revu à la hausse son système tarifaire. Avec des majorations ciblées. Sous les formules Optima pour les particuliers et Optima business dédiée aux industriels. Deux configurations mal comprises par les concernés. Qui ont eu l'impression de payer plus avec les mêmes consommations.
Il est ainsi logique que le président du conseil d'administration de la Jirama, Solo Andrimanampisoa, suive maintenant un atelier de renforcement de capacités à Kigali. Sous les yeux bienveillants de Marie-Chantal Uwanyiligira , responsable des opérations de la Banque mondiale à Madagascar. Elle n'a de cesse d'évoquer les problématiques de la Jirama durant ses rencontres avec la presse. En dix ans, son pays natal, le Rwanda, a pu surmonter les pannes d'électricité.