Dakar — Le musée du quai Branly-Jacques Chirac (France) déclare avoir ouvert depuis mardi une exposition dédiée au premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor (1906-2001), sur le thème "Senghor et les arts", dans le but de mettre "en perspective les réflexions et réalisations", dans le domaine culturel, de l'intellectuel et homme d'État sénégalais.
L'exposition d'une durée de neuf mois (7 février-19 novembre) va permettre à cet établissement public français de "présenter" et d'"interroger la politique culturelle de Léopold Sédar Senghor", de "construire une sorte de manuel de la pensée senghorienne constitué d'essais, de textes d'archives, d'interviews, de photographies inédites et de reproductions d'œuvres d'art qui ont accompagné la vie et l'œuvre de Senghor".
Elle revient sur la politique et la diplomatie culturelle du Sénégal aux premières années de l'indépendance, ses réalisations majeures dans le domaine des arts plastiques et des arts vivants, affirme le musée du quai Branly-Jacques Chirac dans un document reçu à l'APS.
Il estime que la pensée de Senghor n'a pas laissé indifférentes les générations qui ont vu le jour après les indépendances africaines.
"Elle a été largement discutée, critiquée et commentée au fil des relectures successives", note la même source.
"Senghor est une figure sollicitée par de nombreux intellectuels africains à travers le monde", ajoutent les auteurs du document.
Ils expliquent que l'exposition "se détourne d'un parti pris hagiographique" et relit les questionnements ayant habité Senghor il y a plus d'un demi-siècle, à savoir "la civilisation de l'universel", qu'il a tant défendue, et le "rendez-vous du donner et du recevoir".
Selon le texte, Léopold Sédar Senghor a manifesté l'espoir d'unir les traditions et d'engager "le dialogue des cultures" à travers le concept du "métissage culturel".
Le musée du quai Branly-Jacques Chirac estime qu'"en réinventant et en désoccidentalisant la notion d'universel", l'intellectuel et homme d'État sénégalais "affirme le rôle de l'Afrique dans l'écriture de son histoire".
L'exposition a été réalisée avec le soutien du milliardaire et mécène français Marc Ladreit de Lacharrière.
Elle est dirigée par trois commissaires, dont le Sénégalais Mamadou Diouf, professeur d'études africaines et d'histoire à l'université Columbia (États-Unis).
Léopold Sédar Senghor, qui a eu l'initiative d'organiser la première édition du Festival mondial des arts nègres, en avril 1966, à Dakar. Il a aussi fait construire de nombreuses infrastructures dédiées aux arts et à la culture dans son pays.
On peut citer le Théâtre national Daniel-Sorano, inauguré en 1965, et les Manufactures sénégalaise des arts décoratifs (MSAD) de Thiès (ouest).
Les MSAD ont été réceptionnées officiellement le 4 décembre 1966 en présence du président du Mali, Modibo Keïta.
Le premier président de la République du Sénégal est également le fondateur de l'École nationale des arts et du village des Arts de Dakar.