Dakar — L'Institut fondamental d'Afrique noire (IFAN) de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar a lancé mercredi à Dakar "Léebal ma", une collection de livrets de contes et d'histoires en langues nationales et des calendriers destinés aux enfants du Sénégal et de la diaspora, a constaté l'APS.
Ces ouvrages illustrés et édités en six langues (wolof, sérère, pulaar, diola, mandingue, soninké) par la maison d'édition en langues nationales "Ejo" sont élaborés par le laboratoire de linguistique de l'IFAN en collaboration avec l'entreprise "Kati360", spécialisée dans la digitalisation en langues locales du patrimoine et l'Alliance sénégalaise de la petite enfance.
"L'idée de cette collection +Léebal ma+ est de faire face à cette perte progressive de nos valeurs culturelles et de les sauvegarder en faisant montre de ce conseil de l'écrivain Amadou Hampâthé Ba qui disait +si vous voulez sauver des connaissances et les faire voyager à travers le temps, confiez-les aux enfants+", a dit docteur Adjaratou Oumar Sall, linguiste à l'Ifan et auteur de ces livrets.
S'exprimant lors de la cérémonie de lancement au siège de la Délégation de l'entreprenariat rapide (Der), elle a estimé que le conte participe à la formation de l'humain en tant que véhicule des valeurs culturelles et morales inculquées dès le bas âge à l'enfant en le mettant en garde contre les dangers et les interdits.
"Le conte permet à l'enfant d'extérioriser ses sentiments, ses pensées avec cohérence et logiques ainsi que de développer son jugement en vue de sa construction harmonieuse et de sa personnalité", a-t-elle dit.
L'auteur met en avant dans ses textes de contes "l'esprit de solidarité, de tolérance et de l'acceptation de l'autre". Elle propose aussi des exercices après chaque conte pour développer "l'expression verbale de l'enfant de construire sa pensée logique, son raisonnement, son jugement, d'éveiller sa curiosité en suscitant le désir de connaitre pour mieux forger sa personnalité".
Sur les calendriers en langues nationales, les fruits et légumes et des recettes de cuisines sont mis en exergue.
Adjaratou Oumar Sall se désole qu'aujourd'hui les contes se meurent faute de mécanisme de pérennisation, car "la télévision, les jeux électroniques ont remplacer la lecture. C'est une grande partie des valeurs culturelles qui est menacée et de la convivialité qui disparait", dit-elle.
Elle se réjouit de cette "fructueuse collaboration" entre l'IFAN et "Kati 360" qui a débuté il y a un an.
Selon elle, ce travail a débuté il y a un an lorsque Khadim Fall et Fallou Faye de "Kati 360" ont proposé de digitaliser et de traduire en wolof les travaux de Cheikh Anta Diop. "Ce chantier étant vaste, nous avons débuté avec le laboratoire de linguitique de l'Ifan en éditant ce livret", dit-elle.
La linguiste souligne que ce projet s'inscrit dans l'ambition de l'Ifan-Ucad de promouvoir le patrimoine auprès des jeunes générations en transmettant le legs, et de soutenir la recherche et la réappropriation de l'histoire de l'Afrique.
"Quand nous voyons des initiatives comme celles-ci qui travaillent dans le domaine où nous avons plus de faiblesses qui est la production de matériels didactiques, la documentation des langues, le ministère de l'Education qui représente l'Etat ne peut que s'en féliciter", a dit Mbacké Diagne représentant le ministre de l'Education nationale.
Selon lui, l'Etat a préparé "le modèle harmonisé d'enseignement bilingue" qui sera généralisé en octobre 2023.