" Vous ne gagnez peut-être pas beaucoup d'argent aujourd'hui, mais votre métier vous apporte beaucoup de gratification personnelle. Vous exercez un métier très important : dans 10 ans, 30, 50 ou 100 ans, on lira vos écrits qui survivront aux époques et générations. C'est pourquoi on vous appelle des historiens du temps présent. Mais quand vous écrivez l'histoire, ne la déformez pas. En journalisme, les faits sont sacrés, ne les travestissez pas ". Le chef de bureau de la MONUSCO Beni, Josiah Obat, a encouragé les journalistes à toujours rester professionnels et à respecter l'éthique et la déontologie.
C'était au cours d'une cérémonie d'échange de vœux entre le bureau de la MONUSCO et les professionnels des médias à Beni, le 4 février 2023.
Josiah Obat a salué l'accompagnement de la presse locale tout au long de l'année 2022, dans un contexte social et sécuritaire particulièrement difficile caractérisé par un sentiment anti-MONUSCO et des manifestations contre la présence de la Mission des Nations Unies accusée d'inertie face à la persistance de l'insécurité dans cette zone. Il a encouragé les journalistes à effectuer leur travail en toute liberté, de manière professionnelle et non partisane.
La paix : une œuvre commune
" Vous êtes des faiseurs d'opinion, faites attention à ce que vous dites et écrivez. Beaucoup de gens qui vous lisent le prennent pour parole d'évangile. Ainsi votre responsabilité n'en est que plus grande encore. Les attentes des populations vis-à-vis de la paix sont légitimes. La MONUSCO fait de son mieux, mais elle ne réussira pas seule, sans l'implication de tous : autorités, société civile, médias, jeunes, femmes, confessions religieuses, communautés ", a-t-il déclaré.
Le chef de bureau a insisté sur le fait que la construction d'une paix durable ne peut être le seul apanage de la Mission. Chaque partie prenante doit apporter sa pierre à l'édifice pour aboutir à une paix pérenne : " Nous comptons donc sur vous pour donner la bonne information aux populations sur la MONUSCO et pas seulement ; aujourd'hui, tout le monde est journaliste à cause des réseaux sociaux. Vous, journalistes, votre rôle est de vérifier les informations avant de les diffuser. Aujourd'hui, les réseaux sociaux ont eux-mêmes des difficultés pour localiser ou identifier les personnes qui postent ces informations ".
M. Obat a insisté sur le fait que la MONUSCO organise des formations sur la lutte contre la désinformation et la manipulation pour faire comprendre à la population que tout ce qu'elle lit sur les réseaux sociaux n'est pas forcément vrai. " Nous vous invitons à toujours vérifier et confronter vos sources pour des informations concernant la MONUSCO et vous remercions pour votre appui ", a martelé Josiah Obat aux journalistes présents ce samedi dans la salle de conférence de la Mission onusienne à Beni.
Cette rencontre a aussi donné l'occasion à la MONUSCO/Beni de faire le point sur ses activités dans cette partie de la province du Nord-Kivu en 2022. Activités fortement ralenties par la série de manifestations contre la présence de la Mission dans cette zone du pays où pullulent des groupes armés.
Comprendre le mandat de la MONUSCO
Certains professionnels des médias de Beni ont salué ce travail de la MONUSCO dans un contexte pas toujours favorable. Dieubon Mughenze, correspondant dans la région pour le média en ligne élection-net.com, estime que la MONUSCO devrait été jugée à l'aune de son mandat et qu'il ne faut pas se tromper de cible : " Nous pensons que cette rencontre était utile et en valait la peine ; car, après échanges, nous avons compris que la MONUSCO a fait plusieurs choses dans la zone pour aider un tant soit peu la population longtemps meurtrie dans cette zone. Actuellement, la zone est menacée par des bombes, là aussi, la MONUSCO aide, par son expertise, ça permet aux populations de respirer un peu... ".
Dieubon Mughenze dit mieux comprendre ceux qui critiquent la MONUSCO. " C'est leur pensée, je le concède ". Ce journaliste affirme avoir compris que la MONUSCO agit selon son mandat et ne peut pas l'outrepasser. " C'est une Mission qui a un mandat bien précis. Nous ne devrions pas lui demander ce qu'elle ne peut pas faire, ni ce qui n'est pas inscrit dans son mandat ". Il faut d'abord lire et comprendre son mandat qui l'a amenée en RDC avant de critiquer.
Il a fustigé la désinformation qui s'installe progressivement dans leur milieu, avec des gens qui pensent se faire une popularité dans l'opinion publique pour des intérêts inavoués.
" Certes, la MONUSCO n'est pas une Mission parfaite. S'il y a des failles ou des reproches, et pour comprendre ces failles et voir comment remonter la pente, il serait mieux d'en parler avec elle pour qu'elle fasse mieux que ce qu'elle a déjà fait pour que la paix revienne ici, plutôt que de vouloir tout rejeter ", a-t-il conclu.