La colère de la population du Nord-Kivu qui gronde depuis que le M 23 multiplie des incursions sur de nombreux villages congolais qu'il continue à occuper en violation de la Charte africaine de l'Union africaine, ne faiblit toujours pas.
Sous la poussée des mouvements citoyens et de certaines formations politiques, des manifestations de colère contre l'occupation des rebelles se sont intensifiées à Goma et ses environs. Et aussi dans la plupart des territoires, voire même non loin de Kanyaruchinya, au nord-est de Goma.
Le gouvernement central avait beau mettre en garde les manifestants contre des actes de vandalisme, la rue a semblé sourde à ce rappel à l'ordre des autorités politiques. Chaque jour qui passe, la présence des rebelles dans certains coins exacerbe une population en colère contre l'occupation de leurs terres par les forces négatives.
Car, comme a insisté le ministre de la Communication et médias, une chose est d'exprimer ses sentiments de désapprobation, une autre est de s'attaquer aux infrastructures publiques et aux biens privés. Il a prévenu les habitants du Nord-Kivu que ce serait contre-performant de faire le jeu de l'ennemi. Si nous détruisons certains édifices publics, des ponts et autres biens, a prévenu un autre acteur politique, c'est notre pays qui subit les conséquences désastreuses de cette destruction.
Pour sa part, le gouverneur militaire, le général-major Constant Ndima, décidé à faire régner l'ordre et la discipline a relayé le message de l'exécutif central, en appelant ses administrés à s'abstenir contre des actes de violence sur des personnes et des biens. Si des suspects sont arrêtés, il a souhaité qu'ils soient présentés aux autorités et aux forces de l'ordre qui sont habilitées et outillées pour mener des enquêtes. Malgré de nombreux appels à l'apaisement, nous apprenons que les manifestations se poursuivent de plus belle.
Mardi dernier, un convoi de la Monusco en provenance de Rutshuru où il est allé procéder au ravitaillement des dépôts de la Mission onusienne, a été la cible des déplacés. Il était 18 heures.
En effet, dans un secteur baigné par l'obscurité balayée par les phares des véhicules, à Kanyaruchinya, des déplacés en furie armés de pierres et des bâtons, ont incendié les véhicules de la mission onusienne. Les militaires qui sécurisaient le convoi n'avaient pas réussi à apaiser la colère des manifestants. Il y a eu des tirs de sommation. Bilan donné hier par les services officiels: trois camions de la Monusco incendiés, huit civils tués et vingt-huit blessés.
Le gouvernement central alerté aussitôt, a condamné toute revendication par des actes de violence. On se rappelera qu'au cours du briefing hebdomadaire, Patrick Muyaya a toujours fait savoir que les frustrations et la colère sont légitimes, mais à ses yeux, la revendication dans la violence n'est pas acceptable. Car, a-t-il fait remarquer, cela pourrait faire le jeu de l'ennemi.
Ces incidents déplorables, comme il faudrait le signaler, sont consécutifs au climat de méfiance qui règne au Nord-Kivu, particulièrement à Goma. Cette atmosphère de suspicion s'est accentuée depuis que le M23 fait la sourde oreille aux ultimatums lui lancés par les dirigeants de la Force militaire régionale de l'EAC, chargée de le déloger par la force dans les villages sous son occupation.
Le délai largement dépassé, les rebelles montrent leur détermination à s'installer dans la durée sur des villages du Nord-Kivu. Par une série des manifestations de colère, les habitants de cette partie de notre territoire ont juré d'exprimer leur désapprobation au sujet de l'occupation de leurs villages jusqu'au moment où les rebelles vont s'en aller.
Le gouverneur militaire a, après avoir déploré l'escalade de violence et condamné les violences, exprimé ses condoléances aux familles de victimes civiles et souhaité prompt rétablissement aux nombreux blessés qui ont été immédiatement pris en charge. Il a ordonné que des enquêtes soient menées dans le but d'aboutir aux responsabilités et à l'arrestation des auteurs de ces incidents malheureux.
A Kinshasa, les observateurs suivent la situation de très près et relèvent de leur côté que si le M 23 avait obtempéré aux décisions des chefs d'Etat des pays membres de la Force militaire régionale, tout ceci ne serait pas arrivé. Presque sur tout le continent, l'on s'accorde pour dire que passé le temps des discours et des résolutions, il est venu le temps de passer aux actions coercitives sur le terrain.