Ce 9 février 2023 à Dakar, le Regroupement des diplômés sans emploi a une nouvelle fois manifesté pour interpeller les autorités sénégalaises sur le chômage des jeunes. Selon les statistiques officielles, son taux était de 24,1% au dernier trimestre 2021.
Ils se sont donné rendez-vous sur la route surnommée " le couloir de la mort " menant à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. C'est ici, à la faculté des Sciences économiques et de gestion, que Mamadou Ndiaye a étudié. À 33 ans aujourd'hui, il cherche toujours un emploi stable : " Malheureusement, si on n'a pas la chance d'avoir des grands frères qui sont dans l'administration, qui sont dans de grandes boites, ce sont toujours des stages que vous décrochez, c'est toujours des "Je vous rappelle" qu'on vous dit. On donne des cours à gauche à droite en attendant. "
Au Sénégal, c'est pourtant l'une des priorités affichées des autorités : l'emploi des jeunes reste un défi majeur dans le pays. D'après les derniers chiffres de l'Agence nationale de la statistique, le taux de chômage était estimé à 24,1% au dernier trimestre 2021. Et selon le ministère de l'Économie, environ 200 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail.
En avril 2021, lors d'un conseil présidentiel, le chef de l'État Macky Sall avait annoncé une enveloppe de 450 milliards de francs CFA (environ 685 millions d'euros) sur trois ans pour répondre aux besoins. Mais Niokhor Mbaye, formé en génie civil, affirme ne pas avoir de retour des programmes en faveur de l'emploi.
Velléités de quitter le Sénégal: "C'est une bombe à retardement"
" Depuis 2013, je dépose (des candidatures) mais je n'arrive même pas à avoir un stage ", soupire-t-il. Pourtant, le BTP est un secteur en pleine croissance. " Surtout au Sénégal où l'on construit partout, abonde Niokhor Mbaye. On veut travailler pour le pays, mais le problème, c'est une mauvaise politique. Et l'année prochaine, si ça ne change pas, je vais partir ! "
Yves Nzalé, coordonnateur des Diplômés sans emploi du Sénégal, tente de dissuader les candidats au départ. Il demande une concertation nationale contre le chômage : " Évidemment, c'est une bombe à retardement, c'est un facteur d'instabilité sociale, qui est source de frustration et de mécontentement. "
À un an de l'élection présidentielle, le collectif appelle les candidats déjà déclarés à échanger sur leurs propositions en faveur de l'emploi des jeunes.