Ces groupes armés regroupés dans la Coordination des mouvements de l'Azawad invoquent la "volonté des populations du nord du Mali d'unir leurs efforts pour faire face à tous les défis".
Les trois groupes armés ont "décidé de fusionner les mouvements en une seule entité politique et militaire", peut-on lire dans le communiqué dont la DW a obtenu copie. Il s'agit d'un mouvement indépendantiste, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), et de deux autres autonomistes, le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA). Ces groupes qui ont combattu militairement les autorités de Bamako ont pourtant signé, en 2015, l'accord d'Alger.
Ils invoquent la "volonté des populations de l'Azawad, dans le nord du Mali, d'unir leurs efforts pour faire face à tous les défis", ajoute le communiqué.
Cette fusion ne surprend pas Djallil Lounnas, chercheur algérien et spécialiste de la mouvance djihadiste. Il est aussi professeur associé de relations internationales à l'université al-Akhawayn, au Maroc et auteur de l'ouvrage "Le djihad en Afrique du Nord et au Sahel : d'Aqmi à Daech".
Selon le chercheur, "il y a maintenant, depuis un an, un an et demi, la poussée de l'Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) qui a changé la donne. Les signataires ont d'ailleurs essayé, il y a une année de cela, de se mettre ensemble dans l'accord de Rome (un accord signé entre le gouvernement malien de transition et les groupes armés signataires de l'accord de paix en février 2022 dans la capitale italienne, ndlr), c'est-à-dire le cadre stratégique permanent pour justement faire face à la poussée de l'Etat islamique. Mais ça n'a pas bien fonctionné. Donc aujourd'hui, ces groupes-là, pour renforcer leur position et face aux difficultés de mettre en place l'accord d'Alger, ont décidé de se mettre ensemble."
Indices
Pour sa part, l'ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand, estime que des indices laissaient présager cette union. Il cite la récente rencontre d'un certain nombre de personnalités de ces groupes avec Iyad Ag Ghali, chef touareg du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans. Celui-ci circulera désormais librement dans la région de Kidal. Ce qui n'était pas le cas à l'époque de Barkhane. Sans oublier la rencontre entre la médiation internationale et les groupes armés signataires de l'accord de paix de 2015. La rencontre qui a permis à ceux-ci de clarifier leur position. C'est pourquoi, Nicolas Normand redoute la radicalisation de ces groupes."Je crains que cette fusion des trois groupes armés soit un signe de cette radicalisation et des gens qui se préparent à un affrontement potentiel. Je ne pense pas qu'ils vont prendre l'initiative d'attaquer eux-mêmes l'armée malienne parce qu'ils auront le blâme de la communauté internationale. Celui qui commence les hostilités, évidemment, sera responsable et sera blâmé par toute la communauté internationale", soutient l'ancien diplomate français.
Les autorités maliennes de la transition n'ont pas encore réagi à cette fusion des groupes armés qui occupent plusieurs localités du nord du pays.
La Coordination des mouvements de l'Azawad avait déjà suspendu en décembre dernier sa participation aux mécanismes de mise en œuvre de l'accord de paix d'Alger. Idem pour la quasi-totalité des groupes armés signataires. Tous déplorent "l'absence persistante de volonté politique" de la junte au pouvoir. Fin janvier, la CMA a également annoncé son retrait de la commission chargée de finaliser le projet de nouvelle Constitution.