Rabat — L'université a un rôle clé à jouer dans l'émergence d'une génération imprégnée des valeurs de diversité culturelle et d'altérité qui font la singularité du modèle civilisationnel marocain, a souligné, jeudi à Rabat, le Conseiller de SM le Roi, André Azoulay.
"Dans un monde en quête de repères où l'altérité est devenue conflictuelle au lieu d'être une source de richesse, l'on ne peut que contempler avec exaltation l'émergence d'une génération porteuse des valeurs de paix, de diversité et d'humanisme qui font la force et la singularité du Maroc d'aujourd'hui", s'est félicité M. Azoulay qui animait une conférence sur "La diversité au coeur de la modernité sociale au Maroc: enjeux et promesses pour demain" à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Mohammed V de Rabat.
Devant une salle archi-comble composée essentiellement d'étudiants, d'enseignants et d'intellectuels, le Conseiller de SM le Roi a vanté les mérites du système national d'éducation, riche de ses ressources humaines "d'une grande qualité" qui cultivent chez les étudiants "cet humanisme qui s'est évaporé dans tellement d'endroits autour de nous".
"Fer de lance de toute société qui aspire à la modernité, l'éducation est érigée en priorité nationale dans notre pays" qui n'a pas lésiné sur les efforts ni sur les moyens pour rehausser son niveau, conscient en cela de son rôle majeur dans la consécration du modèle marocain de diversité qui fait cas d'école dans un monde pâtissant de la recrudescence des extrémismes et des archaïsmes culturels, a relevé M. Azoulay.
"La diversité n'est pas un concept académique ou rhétorique, mais c'est une réalité incarnée par le Maroc d'aujourd'hui qui, à l'opposé d'autres nations, a su résister à l'amnésie et faire preuve de lucidité en assumant cette pluralité inscrite dans son ADN et consacrée par la Loi fondamentale", a fait valoir M. Azoulay, voyant là "une réussite marocaine" et un "modèle unique dans le monde".
Dans une allocution à l'ouverture de la conférence, le doyen de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat, Jamal Eddine El Hani, a mis en avant les grandes qualités humaines et l'illustre parcours du conférencier, "une des figures majeures du champ culturel et civilisationnel de notre pays et de la région".
Evoquant l'expérience marocaine en matière de promotion des valeurs de diversité et de pluralisme, M. El Hani a mis en avant les initiatives entreprises sous l'impulsion de SM le Roi pour la préservation de la mémoire judéo-marocaine, notamment la création de Bayt Dakira à Essaouira, l'inclusion de l'histoire et de la culture juives dans les programmes scolaires et la réhabilitation d'un ensemble de synagogues à travers le Royaume.
"Une attention particulière doit être accordée à ce patrimoine qui fait notre fierté et notre singularité et dont l'apport est indéniable dans tous les domaines, y compris la littérature, l'art, l'artisanat, la gastronomie... " , a-t-il plaidé.
Fidèle à ce devoir de mémoire envers cette composante essentielle de l'identité marocaine, la Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat a publié un ensemble de thèses, de traductions et d'ouvrages de recherche sur l'histoire et la culture juives, de même qu'elle a organisé une série de rencontres et de débats à ce sujet, a fait savoir M. El Hani.
Intervenant à cette rencontre, Ijjou Cheikh Moussa, professeure de poésie et de rhétorique et chercheure en culture juive, a mis l'accent sur la responsabilité qui incombe à l'université et aux médias pour favoriser une meilleure connaissance de l'histoire du judaisme marocain, soulignant que "la connaissance est le meilleur antidote contre l'ignorance et l'extrémisme".
Terre de brassage culturel entre musulmans et juifs, arabes et amazighs, le Maroc présente au monde un modèle unique en son genre en matière de gestion de la diversité, qui gagnerait à être inculqué aux générations futures, a-t-elle souligné.
Cette conférence, à laquelle ont assisté des personnalités du monde politique, diplomatique et culturel, en plus d'un parterre d'étudiants et d'enseignants-chercheurs, est organisée dans le cadre du cycle de conférences "Les causeries de jeudi" qu'abrite la Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat depuis 2019.