Sénégal: Pénurie de médicaments en Europe - La majeure partie des produits pharmaceutiques utilisés au Sénégal viennent de l'Inde (responsable)

Dakar — Le système sanitaire sénégalais a un dispositif de surveillance capable de lui permettre de juguler toute rupture de médicaments, a indiqué le directeur de l'inspection pharmaceutique, de la surveillance du marché et des vigilances à l'Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique, Docteur Madické Diagne, assurant que le pays dépendait peu de l'Europe, touchée par l'indisponibilité de certains médicaments.

L'Union européenne connaît depuis quelque temps des pénuries de médicaments concernant notamment les antibiotiques, comme l'amoxicilline, ou les produits contre le rhume, la grippe et autres infections respiratoires. Les traitements pédiatriques sont également touchés par ces ruptures d'approvisionnement.

"Nous nous alimentons en Europe, mais la proportion d'importation est très faible par rapport à l'importation des médicaments via la filière indienne. La majeure partie de nos produits viennent de l'Inde et du Maghreb. Même les grandes industries pharmaceutiques européennes ont maintenant des unités de fabrication en Inde pour amoindrir les coûts de production", a expliqué le Dr Diagne dans un entretien avec l'APS.

Il a cependant indiqué qu'il était nécessaire de "prévoir une pénurie", rappelant le lien de cause à effet entre pénurie de matières premières et celle des médicaments.

Mais, même si le Sénégal n'est pas touché par la pénurie de médicaments qui frappe actuellement l'Europe, cela ne veut pas dire qu'il ne pourrait pas ressentir les conséquences d'une éventuelle pénurie quelque part dans le monde, a relativisé le Dr Diagne.

"S'il y a une pénurie quelque part, il se pourrait qu'on le ressente. C'est une éventualité, mais nous avons pris les dispositions pour mettre au courant les gens par rapport à une éventuelle rupture d'une molécule, parce que ce qui le plus souvent est observé, c'est qu'il y a une rupture pour un produit que les gens utilisent", a-t-il fait savoir.

Il estime que l'essentiel est de pouvoir "prévoir" avec le système et le dispositif fonctionnel en place. "Il s'agit d'avoir l'information très tôt pour prendre les dispositions afin de juguler ces éventuelles ruptures qui pourraient survenir", a expliqué le Dr Diagne.

"Le dispositif est en place, nous interagissons avec les grossistes et s'il y a des tensions ou des risques de tensions des produits dans leurs lieux d'approvisionnement, ils nous remontent l'information pour qu'on puisse effectivement trouver des alternatives et d'autres sources d'approvisionnement afin de rendre disponibles ces molécules", a-t-il ajouté.

Il a indiqué que ses services sont au courant des ruptures de certains productions pharmaceutiques en Europe. "Nous n'avons pas peut-être les mêmes sources d'approvisionnement. Au Sénégal, en plus de l'Europe, nous nous approvisionnons via la filière indienne surtout, qui est un productrice de principes actifs de médicaments et de produits finis".

Selon lui, des ruptures peuvent survenir "en cas de tensions dans l'approvisionnement et des tensions [liées] au principe actif qui va permettre la fabrication du produit".

"Il peut y avoir des retards dans la livraison. Ces ruptures ponctuelles sont réglées tout juste après l'approvisionnement du produit", a-t-il ajouté.

"Dans la plupart des cas, les gens font une fixation sur des produits, et non pas sur la molécule en tant que telle. Si un médicament n'existe plus, les gens disent qu'il y a une rupture, alors qu'il y a des équivalents de la même molécule qui peut être substituée pour être utilisée", a-t-il fait remarquer.

Il a rappelé l'existence de la division du suivi des approvisionnements dont "le but est de prévenir effectivement les risques de ruptures et de proposer des alternatives".

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