L'acheminement de corps jusqu'à Anosibe An'ala est presque impossible, en raison du mauvais état de la route. Les corps sont attachés sur des planches accrochées sur le porte-bagage des motos.
Une méthode peu conventionnelle qui devient presque anodine. Le mauvais état de la route pèse très lourd sur la population d'Anosibe An'ala. Dans les situations d'urgence, le recours aux deux-roues est la dernière alternative possible. Si les taxis-motos font quasiment partie du quotidien des habitants en raison de l'état quasi impraticable de la route entre Moramanga et Anosibe An'ala, les motos-corbillards ont fait leur apparition depuis que la situation a empiré.
Pour faire face aux nombreux tronçons boueux et aux innombrables fossés où les véhicules à quatre roues se retrouvent immobilisés, les corps sont acheminés à moto jusqu'à Anosibe
An'ala. L'un des derniers cas rencontrés remonte à avant-hier, suite au décès d'un chef de famille survenu à Beforona. La dépouille a été acheminée jusqu'à Moramanga, hissée sur une moto.
Selon la pratique courante, une installation improvisée est placée sur le porte-bagage du deux-roues.
Ar 200 000
Un assemblage de planches de fortune est solidement attaché sur la carrosserie et le corps y est ensuite hissé. Pour mieux affronter les trépidations et les inévitables chutes, il est fixé à l'aide
de cordes solides et des nœuds serrés. Une distance de soixante-et-onze kilomètres sépare Moramanga d' Anosibe An'ala. Même pour un motard aguerri, affronter ce redoutable trajet peut prendre toute une journée, selon la saison. C'est pendant la période estivale qu'il devient un véritable parcours du combattant. Pour équilibrer la moto, le corps est placé horizontalement sur la structure en planches. Tout au long du trajet, des accompagnateurs ne lâchent pas d'une semelle le moto-corbillard pour le pousser lors du passage des points les plus difficiles.
Malgré ces précautions, les chutes sont assez fréquentes, mais le conducteur y est préparé. Avant de prendre le départ, il enfile des bottes, une combinaison et un casque de protection. Le corps est par ailleurs soigneusement enveloppé dans une bâche ou du plastique pour le protéger de la boue et de la pluie. Si la famille endeuillée ne dispose pas d'une moto pour transporter la dépouille, le tarif de location d'un moto-corbillard peut s'élever jusqu'à 200 000 ariary, selon les informations recueillies. Les familles de défunts sont contraints d'y recourir pour que les funérailles puissent être effectuées dans les temps.