Pour Enrica Picco, directrice pour l'Afrique centrale à l'International Crisis Group (ICG), une facilitation annoncée par le Canada dans le conflit entre les autorités camerounaises et les séparatistes anglophones " est encore rattrapable ". Pour rappel, le 23 janvier, Yaoundé avait démenti avoir confié un rôle au gouvernement dans ce dossier.
Le Cameroun et les régions à majorité anglophone : International Crisis Group (ICG) appelle à remettre les pourparlers " sur les rails ".
Pour rappel, après des premières rencontres restées secrètes l'an dernier, la ministre canadienne des Affaires étrangères, a annoncé le 20 janvier un accord entre les parties au conflit pour entamer des négociations de paix, avec le Canada en facilitateur. Dans la foulée, plusieurs mouvements séparatistes ont confirmé leur participation. Mais trois jours plus tard, Yaoundé, par un communiqué du ministère de la Communication, a déclaré n'avoir demandé à personne une quelconque médiation ou facilitation dans ce dossier.
Malgré ce revirement, pour Enrica Picco, directrice pour l'Afrique Centrale à l'ICG, ce démenti, qui a révélé des divisions au sein du gouvernement camerounais, peut et doit être rattrapé pour résoudre un conflit qui a fait plus de 6 000 morts depuis 2017 et au moins 700 000 déplacés, toujours selon l'ICG.
" Ces discussions n'auraient jamais eu lieu sans le feu vert du président Paul Biya "
" Ces discussions n'auraient jamais eu lieu sans le consensus et le feu vert du président Paul Biya, débute Enrica Picco, au micro d'Amélie Tulet. La volonté politique était assez claire et on a des raisons de penser qu'elle est encore là ".
Elle poursuit : " C'est encore rattrapable, parce que le Canada et les séparatistes n'ont pas rejeté l'initiative, après le communiqué de Yaoundé. Aussi parce que, pour la première fois depuis des années, les séparatistes ont montré une certaine unité. Quatre grands mouvements ont donné leur accord. Un cinquième a aussi dit qu'il était prêt aux négociations. Donc, ça, ce sont déjà des circonstances qui n'ont pas changé. Et il y a aussi une pression nationale et internationale sur le gouvernement de Yaoundé qui est, on peut dire, inédite. "
Enfin, la directrice pour l'Afrique Centrale à l'ICG de conclure : " La société civile, les femmes, les différents mouvements et groupes religieux ont tous appuyé la négociation. Donc, ça, c'est quand même une pression importante. Les différents acteurs internationaux ont pour une fois fait front uni sur l'initiative canadienne. Donc, dans ce sens, il y a encore les conditions pour le rattraper. "