ALGER — L'industrie nationale des matériaux de construction s'est distinguée, notamment durant ces dernières années, sur les plans quantitatif et qualitatif, en édifiant des bases solides permettant à l'Algérie de passer du stade d'importateur à celui d'exportateur avec des chiffres en constante évolution.
Soutenu par de grands projets d'habitat et de travaux publics, lancés par les pouvoirs publics et des opérateurs privés, le secteur des matériaux de construction a accompli des progrès notables au fil des 60 années d'indépendance, aboutissant à l'autosuffisance dans ce domaine et à dégager des surplus de production destinés à l'exportation vers des marchés africains, européens et américains.
Aussi, les politiques de substitution à l'importation et de préférence nationale, mises en œuvre, ont abouti à la réalisation de projets avec des matériaux de construction 100% algériens.
Ces résultats ont été concrétisés, grâce notamment à l'existence de potentialités naturelles et humaines dont dispose l'Algérie, notamment des richesses minières (gisements de ciment gris et blanc, marbre, granite, baryte, gravier, argile...) et la formation de cadres, des chercheurs et d'ingénieurs hautement qualifiés dans ces filières, ainsi que l'édification de laboratoires spécialisés et la création de grandes entreprises investies pleinement dans ce domaine.
Grâce aux mesures prises par les pouvoirs publics pour encourager l'utilisation des matériaux de construction locaux dans les différents projets de construction, une véritable industrie nationale des matériaux de construction est née, assurant l'autosuffisance en matière de ciment, de plâtre, de rond à béton, de céramique et autres produits nécessaires.
Selon les données de l'Office national des statistiques (ONS), portant sur l'état de la production industrielle du secteur public, le secteur des matériaux de construction a maintenu une croissance constante ces dernières années, réalisant parfois une croissance à deux chiffres.
Dans ce domaine, l'activité de production du ciment s'était bien distinguée, grâce à la multiplication des projets de réalisation de cimenteries publiques et privées.
Les capacités de production sont aujourd'hui portées à plus de 40 millions de tonnes par an, alors que les besoins nationaux avoisinent les 22 millions de tonnes, selon les chiffres du ministère de l'Industrie.
Cette surcapacité en matière de production avait amené les industriels de la filière à s'orienter vers l'exportation, à l'exemple du Groupe industriel des ciments d'Algérie (GICA) dont les revenus tirés de l'exportation du ciment gris et du ciment non pulvérisé (clinker), avoisinent 1 milliard de dollars en 2022.
Disposant de 17 cimenteries au niveau national, GICA produit plusieurs types de ciments adaptés aux différentes utilisations (travaux courants de maçonnerie, préparation de mortiers, grands travaux nécessitant une haute résistance, construction en milieux agressifs et forages de puits de pétrole et de gaz).
De l'avis de plusieurs professionnels du secteur, l'exportation du ciment algérien est appelée à se développer encore dans les prochaines années sur des marchés internationaux, d'où l'intérêt d'investir davantage dans les infrastructures de stockage et de transports pour pouvoir augmenter les niveaux d'exportation de cette matière.
Un groupe installé pour booster la filière céramique
La filière du céramique compte, également, parmi les activités prometteuses, dont les quantités de production sont importantes, se situant à plus de 200 millions mètres carrés/an pour un besoin national estimé entre 120 et 130 millions mètres carrés/an.
Cette filière dispose aussi d'un potentiel à l'export qui dépasserait les 80 millions mètres carrés/an, selon le ministère de l'Industrie, qui a installé un groupe de travail englobant les principaux fabricants de céramique à même de contribuer à l'organisation et au développement de cette filière qui a déjà entrepris des actions d'exportation vers des marchés extérieurs.
Le progrès réalisé par l'industrie des matériaux de construction se trouve aussi soutenu par le développement de l'industrie nationale sidérurgique.
Aujourd'hui, l'Algérie dispose d'un secteur des matériaux de construction et du bâtiment très large, englobant des entreprises spécialisées dans le traitement des matières premières, comme le ciment, l'argile, l'aluminium, le bois et autres matières.
Des entreprises se sont aussi spécialisées dans la fabrication des articles de la plomberie, de décoration, de peinture, de granulats, d'outillages et de machines, ainsi que les composants et accessoires destinés aux projets d'habitat.
Le pays compte, selon des données des organisations patronales, plus de 100.000 entreprises de différentes tailles en lien avec les secteurs de la construction et du bâtiment, et qui emploient plus de 1,5 million de personnes aussi bien sur des sites d'usines et d'unités que sur des chantiers de construction.