Congo-Kinshasa: Des miliciens imposent-ils la charia au Maniema ?

10 Février 2023
analyse

En RDC, la réponse du gouvernement se fait toujours attendre suite aux accusations de violation des droits humains à Salamabila, dans la province du Maniema.

Dans une vidéo sur les réseaux sociaux rapidement devenue virale fin janvier, on y voit des femmes et des jeunes filles fouettées en public, par des miliciens qui contrôlent la cité de Salamabila, au motif qu'elles porteraient des habits jugés obscènes.

Il y a eu les condamnations unanimes des élus locaux, des ONG de défense de droits humains, des activistes de droits des femmes, ainsi que de la société civile.

Tous exigent du gouvernement congolais le respect de ses engagements, comme Julienne Lusenge, activiste des droits de la femme.

"C'est quelque chose d'inacceptable, c'est inacceptable que le gouvernement puisse laisser la population entre les mains des brigands."

Mais si le gouvernement congolais avait promis l'ouverture rapide d'une enquête et la prise en charge des victimes, les annonces n'ont pas été suivies d'actes concrets, déplorent les ONG des droits humains.

"Ce sont des milices qui font la loi"

Aucune prise en charge des victimes non plus déplore la société civile locale au Maniema. Elle dénonce aussi le manque de l'autorité de l'état dans le territoire de Kabambare, où ses incidents se sont déroulés.

Ils ne seraient d'ailleurs pas un cas isolé, il y aurait eu d'autres violations depuis décembre, selon Maître Stéphane Kamundala, président de la société civile du Maniema.

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"Il y a eu plusieurs victimes mais on n'a pas moins de dix personnes dont les images sont connues et dont les identités sont également connues. Il n'y a rien qui est fait au profit de ces victimes. Tout est absent là-bas et ce sont des milices qui font la loi", déplore Kamundala.

Selon nos informations, les victimes vivraient en clandestinité, par peur des représailles des miliciens.

Une prime à l'impunité ?

Une délégation dépêchée, il quelques jours, par le gouvernement provincial ne serait pas parvenue à identifier clairement les victimes pour obtenir des témoignages et envisager une action en justice.

La société civile locale et certains élus de la province du Maniema accusent même l'exécutif provincial d'entretenir ces miliciens dans la zone.

Matata Ponyo, sénateur du Maniema et ancien premier ministre, exige carrément la démission du gouverneur de province.

"Nous sommes très choqués par cette situation et protestons contre cette irresponsabilité flagrante du gouverneur de province."

Pour sa part, l'intéressé, Idrissa Alfani Mangala, s'en défend et affirme que ces miliciens ont adhéré au processus de démobilisation.Il assure que "les groupes armés restent résolument engagés dans le processus de paix."

Des propos difficiles à croire pour les victimes. En attendant l'activisme des groupes armés dans cette région pour le contrôle des zones minières laisse peu d'espoir quant à l'amélioration du contexte sécuritaire.

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