La décision du gouvernement exécutée le week-end dernier concerne toutes les prisons du pays, mais elle ne permettra pas de désengorger les prisons surpeuplées à cause du nombre très élevé de détenus qui n'ont pas encore été jugés.
La prison centrale de Makala, la plus grande du pays, a une capacité d'accueil de 1 500 détenus. L'administration carcérale assure gérer, à ce jour, plus de 11 000 prisonniers. Dans cette prison de Kinshasa, la mesure censée déboucher à des libérations massives n'a bénéficié qu'à 501 détenus ayant déjà purgé le quart de leur peine.
" Il se fait que plus de 70% de personnes qui sont détenues ici ne sont qu'en détention préventive. Pour bénéficier de la libération conditionnelle ou de la grâce présidentielle, il faut obligatoirement être condamné. C'est pourquoi j'attire l'attention des cours et tribunaux et parquets pour qu'on puisse éviter autant de détenus préventifs dans nos prisons ", indique Rose Mutombo, la ministre de la Justice.
Les détenus souffrent du retard lié à l'engorgement des tribunaux, mais aussi à certaines pratiques de corruption, comme l'affirme Jean-Claude Katende, le président de l'ONG de défense des droits de l'homme Asadho :
" Il y a une pratique qui est en vogue : pour mettre les gens dans la situation où ils doivent donner de l'argent aux magistrats, on les envoie d'abord en prison. Il y a de personnes qui sont en prison depuis dix ans, quinze ans qui ont été arrêtés et qui n'ont jamais été présentés devant un juge. Il y en a beaucoup. Le problème est que quand la justice fonctionne aux coups de billets de banque, les personnes qui ne peuvent pas donner de l'argent, leurs dossiers sont relégués aux calendes grecques. "
L'Asadho demande des enquêtes sur les dérives de certains magistrats et des sanctions si nécessaire.