Invité à faire l'historique du fonctionnement de l'administration sénégalaise par rapport au pouvoir politique, notamment le parti au pouvoir, Mamadou Lamine Diallo, président du mouvement Tekki s'est voulu explicite : " Il y a deux niveaux. Le premier niveau, c'est celui qu'on aborde souvent.
C'est que l'administration sénégalaise est quand même partie après la colonisation tout de suite, on est passé au parti Etat. Le parti unique avec l'UPS, le Parti socialiste. Et donc, il y a cette tradition-là, effectivement qui est que l'administration est presque confondue au parti au pouvoir. Cela a évolué, changé et, petit à petit, il y a des mouvements d'idées qui se sont arrivés jusqu'à dire que l'administration doit pouvoir être indépendante des pouvoirs politiques et pouvoir faire son travail ", explique Mamadou Lamine Diallo qui répondait aux questions de Baye Oumar Gueye, dans l'émission Objection de ce dimanche 12 février 2023, sur la radio Sud FM. A en croire le député de Wallu Sénégal, " Ce mouvement-là, il a eu lieu avec l'arrivée au pouvoir du président Abdoulaye Wade, mais à mon avis, il n'est pas allé jusqu'au bout.
C'est pourquoi quand nous sommes allés aux Assises nationales, nous avons discuté de la question. La charte de la gouvernance démocratique est signée et nous avons constaté que l'administration devrait vraiment afficher sa neutralité de plus en plus et que certains postes devraient être ouverts à la concurrence". Le président du mouvement Tekki de relever toutefois : " ce mouvement-là, qui fait partie à mon avis du renforcement de la démocratie et de la République du Sénégal, a été stoppé brutalement par le président Macky Sall, parce que depuis ses dernières années, il y a une politisation excessive".
L'autre niveau est, selon lui, que " notre administration est restée coloniale. Ce n'est pas une administration au service du peuple. Ce sont les colons qui l'ont amenée ici et les colons n'étaient pas là pour les populations. Et l'administration était là pour opprimer le peuple, pour l'obliger à accepter les politiques publiques coloniales. Et on a continué avec cette tradition-là ", souligne-t-il. " L'administration doit être au service du peuple. Et ça, c'est une deuxième révolution qu'il faut engager au niveau de l'administration, parce que c'est fondamental. À l'ENA, est-ce qu'on leur donne des cours pour leur faire comprendre qu'ils sont au service du peuple et qu'ils ne sont pas là, pour faire peur au peuple ? Je pense que ça, c'est extrêmement important de le soulever. Dans les prochaines années, ce sont les questions que le Sénégal doit régler définitivement. "