Congo-Kinshasa: Accession aux postes de souveraineté - Ce qu'il faut retenir de la loi "Tshiani de père et de mère "

A quelques mois des prochaines élections en RDC, Noël Tshiani, candidat malheureux à la dernière présidentielle, continue d'insister sur le bien-fondé de sa proposition de loi, dénommée " Loi Tshiani de père et de mère ".

Ce Samedi 11 février 2023, il a tenu une conférence débat à l'église CEP Emmanuel dans la commune de Bandalungwa à Kinshasa, aux côtés du Révérend Pasteur Nzundu. Devant une assistance homogène, Noël Tshiani a signifié que sa proposition de loi n'était nullement discriminatoire, plutôt, elle vise à préserver la souveraineté nationale de la RDC.

" Chaque citoyen a droit aux mêmes droits dans notre Pays. Et nous sommes 107 millions de congolais. Ces 107 millions de congolais comprennent des congolais de père et de mère. Les congolais de père ou de mère ou des étrangers qui se sont fait congolais en adoptant pour la nationalité congolaise et sont les bienvenus chez nous. Mais il y a aussi les apatrides. Tous ces congolais ont droit aux mêmes avantages et bénéfices dans notre Pays. Ils peuvent être professeurs d'universités, des hommes d'affaires.

Ils peuvent être des bourgmestres, chefs de quartiers. Ils peuvent être même des ministres de l'environnement, du tourisme... Mais nous disons que pour des raisons de protection de la souveraineté nationale, nous allons réserver l'accès aux fonctions de souveraineté simplement aux citoyens dont nous sommes sûrs de la loyauté à 100 % à l'égard de la République Démocratique du Congo ,c'est-à-dire, des citoyens qui ne sont pas en situation de conflit d'intérêts ", a-t-il indiqué.

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A en croire Noël Tshiani, on est en situation de conflit d'intérêts " lorsque on a, par exemple, une mère congolaise mais un père Rwandais ou Ougandais. Je mentionne ces deux pays parce que nous sommes en conflit ouvert avec eux aujourd'hui, ça illustre donc bien mon propos. Mais ce que je dis s'applique à tous les pays de la planète. A supposer qu'on ait un président de la République dont la mère est congolaise et le père Rwandais. Maintenant ce président de la République doit prendre certaines décisions importantes qui affectent le Rwanda et qui touchent à la RDC. Pensez-vous que ce président de la République pourrait prendre ces décisions là avec toute l'énergie qu'il faut sans avoir des arrière-pensées ?", S'est-il interrogé.

Il estime, par exemple, que pour prendre une décision relative à la guerre comme c'est le cas aujourd'hui avec le Rwanda, ce Président de la République dont l'un des parents est Rwandais ne pourra pas décider du déclenchement de la guerre, maitrisant les méfaits de celle-ci.

" Ce congolais-là qui aurait un parent Rwandais, il reste congolais, il est le nôtre, sauf on peut l'utiliser dans d'autres fonctions mais on ne va pas le mettre dans des fonctions qui le mettent en situation de conflits d'intérêt où il serait contrarié de prendre une décision en faveur de la RDC qui affecterait don l'autre Pays", a indiqué Noël Tshiani.

Discrimination positive !

Noël Tshiani élague tout équivoque allant dans le sens de qualifier sa loi de discriminatoire au sens péjoratif du concept. Il estime que tous les autres congolais avec un parent étranger peuvent servir la nation.

"Cela ne veut pas dire que ces autres congolais qui ne sont pas éligibles pour les fonctions de souveraineté on ne les accepte pas. La loi protège tout le monde, les congolais de père et de mère, les congolais de père ou de mère, les étrangers naturalisés congolais, les apatrides devenus congolais par l'accident de l'histoire. Par conséquents, regardons le bienfait de cette proposition de loi. C'est pour protéger la souveraineté nationale au nom de tout le monde", a-t-il martelé.

Réagissant à une question sur les propos de ceux qui soutiennent que la loi "Tshiani" s'attaque à certains politiques dont les parents seraient étrangers, il dit n'y avoir jamais pensé.

Après ces explications limpides, plusieurs participants ont signifié avoir été éclairé comme jamais précédemment.

Révision constitutionnelle

Pour arriver à faire passer cette loi au parlement, Noël Tshiani appelle à la modification de l'article 72 de la constitution. Celle-ci stipule que pour être candidat à la présidence de la République, il faut être congolais d'origine.

"Cet article a varié. Du temps de Mobutu Seseseko, le même article disait, pour être candidat au poste de président de la République du Zaïre, il fallait être Zaïrois d'origine, né de père et de mèrezaïrois d'origine. Quand les belligérants sont allés en Afrique du sud, ils étaient soutenus par des pays étrangers. Il y avait le RCD GOMA de Azarias Ruberwa soutenu le Rwanda, il y avait le MLC de Jean-Pierre Bemba soutenu par l'Ouganda, l'AFDL de Laurent Désiré Kabila soutenue par le Zimbabwe, l'Angola et d'autres pays. Ils sont allés là-bas et ont ouvert la boite de pandore. Ils voulaient créer le chemin pour que quelqu'un qui n'est pas totalement loyal à la RDC accède aux fonctions de souveraineté et devienne président de la République ", a-t-il révélé.

Autre disposition à modifier est l'article 10 de la constitution, indiquant que " la nationalité congolaise est une et exclusive ".

Selon Noël Tshiani, qui souhaite que la nationalité congolaise devienne irrévocable estime que cette disposition de la constitution étouffe les 15 millions de congolais vivant à l'étranger.

"Ces derniers ont perdu la nationalité congolaise parce qu'ils ont immigré à l'étranger", a-t-il soutenu. Et c'est pour des raisons d'ordre social, qu'ils ont opté pour les nationalités de leur pays d'accueil.

" Ces congolais n'ont pas renoncé à la nationalité congolaise mais ils ont été mis en situation d'opter pour les papiers de pays de résidence pour trouver du travail. Qu'on change la disposition qui dit que la nationalité congolaise est une et exclusive et qu'elle devienne, la nationalité congolaise est irrévocable ", a renchéri Noël Tshiani.

Fonctions concernées par la loi Tshiani

Noël Tshiani a saisi cette précieuse opportunité pour énumérer les postes de souveraineté concernés par sa proposition de loi : Président de la République Démocratique du Congo, le Président du Sénat, le Président de l'assemblée nationale , le Premier Ministre et les Ministres régaliens(Justice, Défense, Finances, affaires intérieures et affaires étrangères), les hauts magistrats de la République , le haut commandement militaire de l'armée, le haut commandement du commissariat général de la police, le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo, le président de la CENI, l'administrateur de l'ANR, le Directeur de l'agence de migration , la DGM, les 26 gouverneurs de provinces et leurs adjoints, les ambassadeurs de la RDC à l'étranger mais également les épouses et époux de toutes ces personnalités, parce que jouant un rôle déterminant de conseiller dans la prise de décisions de leurs partenaires.

L'alignement de cette proposition de loi aux matières à traiter à l'assemblée nationale ayant tardé, Noël Tshiani a invité toute la population à se joindre à lui le 15 mars 2023, sur la place échangeur à Limete pour une marche pacifique qui aura comme point de chute le palais du peuple où sera déposé un mémorandum.

Le but de cette activité, selon Noël Tshiani, est d'exiger le traitement de cette proposition de loi au cours de la session de mars.

Faisant d'une pierre deux coups, Noël Tshiani a appelé l'assistance à une adhésion massive au sein du parti " Force du changement " dont il est initiateur pour affronter les échéances électorales qui pointent à l'horizon.

"Force du changement", est une formation politique qui s'attribue la mission d'apporter de l'éclairage aux zones d'ombre auxquelles fait face la RDC. Un parti qui place le bien-être commun au centre de ses actions.

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