1940-2023. Cela fait plus d'une semaine qu'une ombre voile les couleurs vives de Vaco Baissac. Le peintre nous a quittés le samedi 4 février, à l'âge de 82 ans. La veillée mortuaire se poursuit aujourd'hui chez Elie & Sons à Beau-Bassin.
Ses funérailles auront lieu le mercredi 15 février à l'église des Saints Anges Gardiens, à Grand-Baie. Le peintre et photographe Pierre Argo revient sur ce que Vaco Baissac a accompli.
Pierre Argo ose. Peintre et photographe au franc-parler (re)connu. "Je respecte l'homme. Nous avions une grande amitié, sans être un amateur de son travail. " Ce qui ne l'empêche nullement de reconnaître les divers mérites de Vaco Baissac, peintre qui nous a quittés il y a plus d'une semaine.
Primo : Vaco Baissac a été "l'un des rares à gagner sa vie grâce à sa peinture, son art. Il a gagné sa vie honorablement et a beaucoup vendu". Pierre Argo entend déjà les puristes qui contestent. Ceux qui soutiennent que "l'art ce n'est pas seulement ce que l'on vend". Sauf que Vaco Baissac a vécu de "quelque chose qui le passionnait. La peinture est un métier et cela, Vaco Baissac l'a réussi. Il fait partie des happy few à Maurice".
Pierre Argo affirme qu'un artiste-peintre a besoin de vendre ses oeuvres "sinon, son atelier ou sa maison sera bien vite rempli de toiles". Conséquence : quand l'artiste n'a plus de place, il arrête de peindre. "Cela arrive à un grand nombre de nos artistes."
Pierre Argo accorde un autre "extraordinaire mérite" à Vaco Baissac. Il explique : les férus de peinture du dimanche telle que pratiquée par Marcel Lagesse (1917- 1999) et d'autres infatigables paysagistes se sont par la suite tournés vers Vaco Baissac. "Le registre tropical de Vaco Baissac, avec ses automatismes, ses flamboyants, son côté graphique, ses à-plats de couleurs un peu carte postale, leur a apporté un sentiment de modernité comparé à ce que faisaient Marcel Lagesse et d'autres. Il a fait évoluer des 'amateurs d'art', des 'bourgeois' qui achètent des tableaux. Il n'y a pas des masses qui suivent les courants artistiques. On peut les compter sur les doigts de la main."
Pierre Argo souligne qu'il n'y a pas beaucoup d'artistes qui "arrivent à mobiliser un public en le faisant passer d'un style à un autre". Il rappelle que plein d'autres artistes tentent depuis longtemps "d'instaurer un certain style, mais ils n'y arrivent pas".