Au cours du briefing hebdomadaire d'hier lundi 13 février 2023, organisé par le ministère de la Communication et Médias, il était question d'évaluer la feuille de route de Luanda, qui prévoit la cessation des hostilités à l'Est de la RDC, le retrait du M23 des " zones occupées " ainsi que son "repli dans ses positions initiales".
Ce document, censé engager un processus de "désescalade" dans les combats qui font rage sur la frontière entre la RDC et le Rwanda, est visiblement foulé aux pieds par les rebelles du M23, derrière lequel le Rwanda et ses militaires jouent le rôle de mentors.
Où en sommes-nous concrètement avec cette feuille de route ? Y a-t-il des avancées significatives? Que compte faire la RDC face au non respect de cette feuille de route ? Quelle est la stratégie mise en place par la RDC pour le retour de la paix à l'Est? ... Voilà autant de questions auxquelles le ministre des Affaires Étrangères, Christophe Lutundula, invité spécial du briefing tenu hier, a répondu face à la presse.
D'entrée de jeu, le patron de la Diplomatie congolaise a indiqué qu' actuellement, il se pose un problème de mise en œuvre du chronogramme du mini-sommet de Luanda qui est soutenu par l'ensemble de la communauté internationale et plusieurs chefs d'Etats africains. Selon lui, le M23 et le Rwanda ont toujours considéré qu'ils n'ont rien à faire avec tous les accords qui ont été signés et refusent de se retirer des zones occupées. " ils ont juste fait une simulation en nous jetant de la poudre aux yeux, en simulant un quelconque cessez-le-feu alors qu'ils visent la ville de Goma ", a-t-il décrié.
Le ministre des Affaires Étrangères a indiqué aussi que le Congo ne veut jamais la guerre avec personne et est ouvert au dialogue, à condition que ça soit sincère et vrai . L'intérêt est, selon lui, d'empêcher que le sang continue à couler et qu'il y ait encore des victimes. "Il y a plusieurs rapports qui mettent au grand jour la responsabilité du Rwanda et du M23 dans la situation de l'Est. Il y a un mécanisme ad hoc mis en l'ace pour vérifier la véracité de ce rapport... Toutes les preuves sont réunies et confirment que la RDC est victime des exactions et infiltrations de la part du Rwanda... ", a soutenu Christophe Lutundula.
Étant ouvert aux négociations qui puissent mener au retour de la paix à l'Est, Lutundula a annoncé une série de rencontres à Addis-Abeba la semaine prochaine, au cours desquelles les chefs d'Etats et de hautes personnalités seront une fois de plus autour de la table. Il sera toujours question d'évaluer la mise en œuvre de la feuille de route conjointe Nairobi-Luanda.
Concernant la polémique autour de la présence ou le mandat de la force régionale, le VPM Lutundula a indiqué que le conclave de Nairobi est assez clair. " On fait délibérément la confusion. La force régionale a un mandat offensif. Je demande à quiconque de me brandir un document contraire qui ne dit pas cela.
Nous ne sommes pas le seul à appliquer le processus politique. Nous ne sommes pas faibles. Nous savons ce que nous faisons et nous demandons à la population de nous faire confiance", a-t-il lâché. A ce propos, il faut noter que sur le terrain, des manifestations ont été organisées à l'appel de la Société civile et des groupes de pression pour dénoncer "la passivité" de cette Force régionale.
Au sujet du coût relatif au déploiement et aux actions que mène cette force régionale, le Vice-premier ministre des Affaires Étrangères a confié que plusieurs pays de la région ont apporté leur contribution. Il y a, par exemple, le Sénégal et l'Angola, qui ont chacun donné 1 millions de dollars. La RDC, de son côté, a donné aussi une somme consistante afin de permette à cette force de bien faire son travail.
Le montant global de financement, affirme-t-il, va au de-là de 100 millions de dollars mis à sa disposition. Il a, par ailleurs, précisé que le mandat de la force régionale est "d'assurer la paix dans l'est de la RDC et d'imposer la paix à ceux qui veulent à tout prix créer de l'instabilité et de l'insécurité" dans la région. Il invite la population à ne pas tomber dans le jeu de l'ennemi et à faire confiance aux autorités congolaises, qui travaillent d'arrache-pied pour le retour de la paix à l'Est.