Centrafrique: Remy Alazoula sportif de haut niveau parle de son pays la Centrafrique

14 Février 2023
interview

Remy Alazoula, est une personnalité publique centrafricaine ; il vit en France et il est très impliqué dans la vie politique de son pays. C'est un homme très engagé qui prend régulièrement position sur la politique de son pays. Il nous a accordé un long entretien. Lisez plutôt.

Bonjour Remy Alazoula, vous êtes une personnalité très écoutée et très connue dans la diaspora centrafricaine, vous n'hésitez pas à vous impliquer dans les affaires courantes de votre pays. Est-ce que vous pouvez vous présenter à nos lecteurs avant de nous lancer dans les vifs du débat ?

Avant tout je voudrais vous dire merci de l'honneur que vous me faites en m'accordant cette interview sur votre plateforme très connue qui mène un combat notre au nom de l'Afrique depuis des années. Je réponds au nom de Rémy Alazoula éducateur sportif, je suis père de deux enfants et président du collectif de la diaspora centrafricaine (CDC).

Nous allons surtout parler de politique, d'économie et du social, est ce que vous pouvez nous dire quel a été votre parcours académique et politique jusqu'à ce jour ?

J'ai commencé mon parcours scolaire en RCA jusqu'à l'obtention du baccalauréat scientifique Série D.

J'étais sportif au niveau national et sous régional à l'époque. J'ai eu la chance de venir en France pour continuer le taekwondo et obtenir mon Diplôme d'Etat de la Jeunesse, de l'Education Populaire et du Sport (DEJEPS) , j'ai ainsi pu continuer de représenter la RCA dans toutes les grandes compétitions internationales.

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Depuis 2013 j'ai commencé à prendre position sur les réseaux sociaux sur la gouvernance de mon pays la RCA suite au massacre fait par la rébellion Seleka sur l'étendue du territoire, c'est ainsi qu'avec un groupuscule de compatriotes nous avons mis en place le CDC pour apporter notre contribution au développement de la RCA.

Pour entrer dans le vif du débat, dites-nous comment se porte la Centrafrique aujourd'hui ?

Le Centrafrique essaie tant bien que mal d'aller mieux au vu de circonstances socio-économiques et sécuritaires. Mais la majeure partie du peuple garde espoir en vue d'un retour à la paix définitive.

Lors du débat républicain à Bangui le 27 mars 2022, vous avez longuement pris la parole pour relever les tares de la société centrafricaine et les maux qui la minent comme : la guerre, le favoritisme, la pauvreté etc., depuis que vous avez soulevé ces questions, est-ce qu'il y a eu une évolution au niveau du pays ?

Vous savez, ce débat républicain du 27 mars 2022 a été pour moi une occasion en or pour dire au peuple centrafricain du monde entier que nous devons prendre nos responsabilités et être au-dessus de nos appartenances... (politique, ethnique, sociale et j'en passe) afin de construire notre pays comme le font d'autres pays d'Afrique malgré leurs difficultés. Lors de cet échange beaucoup de recommandations ont été faites, dans tous les domaines mais hélas les résultats de sortie de ce dialogue républicain ne sont pas encore visibles par le peuple.

Est-ce que vous pouvez nous dire une ou deux raisons qui vous invitent chaque fois à intervenir dans votre pays ?

C'est tout simplement le patriotisme, j'appartiens au peuple, je le soutiens, nous sommes une communauté, une grande nation et, en tant que personnalité publique, il est de mon devoir d'apporter le meilleur de moi-même pour l'intérêt général. C'est également un devoir moral pour nous fils-filles de ce pays de prendre le flambeau afin d'éclairer l'avenir de nos prochains... nous sommes la jeunesse.

Quel devrait être la priorité du gouvernement en ce début d'année 2023 ?

A mon humble avis le gouvernement devrait mettre en place un système pour rehausser l'économie nationale très rapidement et continuer de garantir la sécurité du peuple centrafricain.

Aujourd'hui dans l'ensemble du pays la population centrafricaine vit encore dans une sorte de psychose. Que faut-il faire pour désamorcer les conflits qui minent votre pays ?

Il est bien vrai que l'assurance de la sécurité reste contestable sur l'ensemble du territoire ce qui montre l'inquiétude du peuple. C'est un devoir régalien du chef de l'état de rassurer la population ! mais nous savons tous que les forces de l'ordre et de La défense centrafricaines sont encore un chantier à mettre sur pieds avec une formation de qualité pour les officiers ainsi que les soldats.

L'idéal, selon moi, serait d'avoir une armée au niveau de nos frontières et zones sensibles pour veiller à la sécurité intérieure, une protection stratégique et bien que les moyens financiers fassent défaut, nous comptons sur la bonne gouvernance du pouvoir en place pour garantir un meilleur avenir au peuple centrafricain.

On parle beaucoup ces derniers temps de réforme constitutionnelle. Quelle est

votre position au sujet de cette réforme ? Pourquoi parler de réforme constitutionnelle alors que les institutions Fonctionnent très bien depuis l'arrivée du président Touadera au pouvoir ?

La constitution est la bible d'une nation. La nôtre ne correspond pas à la réalité Centrafricaine pour ne pas dire africaine ! Cette constitution à été mise en place par un pouvoir transitoire et cela contient beaucoup de failles qui ne protègent pas le peuple centrafricain, on est presque dépositaire de notre propre pays. Alors pour une nation qui se veut forte il faut une constitution digne de cette nation et non une copie d'archives occidentales qui nous dépouille de notre patrimoine. Il faut aussi noter que certains articles de cette constitution font l'objet de polémique car cela touche au rallongement du mandat présidentiel. Certains opposants au pouvoir vont devoir attendre encore très longtemps avant d'accéder à la magistrature suprême. Alors ici, moi je pense à l'avenir et l'héritage du peuple centrafricain.

Pensez-vous que cette réforme apportera la paix en Centrafrique quand on sait que le pays est encore en proie à une guerre civile ?

Il ne faut pas regarder que le présent, la RCA est un pays en voie de développement et avoir une constitution qui protège l'intérêt général et donne aux centrafricains un droit absolu de posséder leur nation c'est garantir un avenir meilleur. Le peuple ne doit surtout pas céder à l'égoïsme politique ce pays n'appartient pas à un groupe de personnes ni ethnique ni à un parti politique. Ceux qui ont mis en place la toute première constitution centrafricaine ne sont plus là... ni au pouvoir ni dans la gouvernance donc je ne vois pas comment le pouvoir de Touadera va s'approprier la RCA ,c'est un faux débat ! il n'est pas question de faire de la RCA un royaume ni un empire mais plutôt de renforcer la protection de notre bien commun la RCA. Le peuple centrafricain ne doit plus se laisser à la manipulation, il est de notre devoir à tous de veiller à la souveraineté de notre nation et à la liberté fondamentale du peuple.

Quel bilan peut-on faire de la présidence d'Archange Touadera ? A-t-il, selon vous, réussi sa mission ?

Ben... pour son bilan ... , je ne pense pas être la personne la mieux placée pour le juger en profondeur... Mais je peux vous dire ceci : La capitale centrafricaine Bangui est actuellement un chantier immense les immeubles et bâtiments y poussent tous les mois, les routes et ruelles continuent d'être bitumées ! Dans l'arrière-pays, les activités ont repris le peuple peut circuler librement les groupes artistiques peuvent se produire en capitale comme en province,

Le transport dans les pays voisins redevient possible par la voie routière ou fluviale vers le Cameroun, Tchad, les deux Congo, le Soudan et Sud-Soudan. Nous déplorons encore une précarité au niveau du système de santé publique, de l'éducation et surtout l'accès à l'eau potable et l'électricité malheureusement. J'ose espérer qu'il y aura une réelle amélioration à tous niveaux d'ici la fin de son mandat afin de donner un espoir d'un avenir meilleur au peuple Centrafricain.

Je sais aussi que vous êtes un grand sportif, comment se porte le sport centrafricain dans son ensemble ?

J'ai eu la chance de pratiquer le sport à un très haut niveau, champion d'Afrique de Taekwondo plusieurs fois médaillé à l'international, ce qui m'a permis de bénéficier d'une bourse olympique de Londres 2012 et Rio 2016. Pendant mon parcours, j'ai côtoyer beaucoup de sportifs de grandes nations. Aujourd'hui je vis de ce sport en tant qu'autoentrepreneur (coach sportif)

Je propose mes services dans des institutions européennes en France et au Luxembourg.

Le sport centrafricain va très mal car il n'existe pas assez d'instances sportives pour donner la direction au sport centrafricain. Beaucoup de dirigeants et responsables ne sont pas former pour les missions dont ils sont en charge. Le gouvernement n'a pas une bonne vision politique du sport ni un plan de développement du sport centrafricain ce qui explique ce manque de volonté politique car la RCA a des personnes capables de rehausser le sport centrafricain d'une manière institutionnelle et sportive. Le président doit placer le sport comme un flambeau du développement social car cela touche la jeunesse et cette jeunesse émerge elle n'a pas le temps de céder à la manipulation ni à la désobéissance civique.

Quel avenir pour la Centrafrique en 2035 ?

Personnellement, j'espère voir la république Centrafricaine sera parmi les nations de l'Afrique dont on citera le nom en exemple de développement. Car nous avons eu trop d'heures sombres dans ce pays dû à l'égoïsme, l'intérêt personnel, tribalisme, favoritisme... etc. et surtout à la manipulation de masse. Il est temps maintenant que les centrafricains conjuguent ensemble pour un seul Centrafrique qui prospère. Et nous devons également prendre notre responsabilité de veiller au bon fonctionnement des institutions de la nation de privilégier le dialogue au lieu de rébellion, d'ici 12ans en 2035 nous pourrons dire au monde entier avec fierté : Le Centrafrique est le berceau de l'humanité et très Bénis.

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