Sénégal: Obsolescence des Programmes d'Enseignement - Les élèves conspuent, l'Etat corrige

14 Février 2023

Le secteur de l'Education au Sénégal a été perturbé, il y a quelque temps, par des élèves à travers des mouvements de grève. Au cœur de leur protestation, une réforme des programmes d'enseignement qu'ils jugent "obsolètes". Sur ce, le gouvernement a donné des assurances en ce qui concerne leurs revendications.

Comme s'ils s'étaient donné le mot, des élèves ont empêché le déroulement normal des enseignements apprentissages dans plusieurs établissements du moyen et du secondaire à travers le pays, ces derniers jours. De Rufisque à Kolda, en passant par Mbour et Mbacké, des potaches sont sortis dans la rue pour réclamer l'allègement du programme scolaire.

Dans la commune de Mbacké, des élèves avaient déclaré une grève pour exiger la révision du programme scolaire. Mieux, ils avaient délogé des élèves des autres localités de la commune. A Rufisque, des potaches, réunis autour du Collectif des lycées de Rufisque, ont lancé la lutte pour le réajustement du programme éducatif et la modification du système à travers une grève générale, avant d'être appelés en concertation par l'autorité académique et de décider de l'arrêt des perturbations.

D'autres élèves issus d'autres localités ont également dénoncé la lourdeur de leur programme. Il s'agit de ceux du lycée Demba Diop de Mbour qui avaient décrété une grève de 72 heures. Kolda n'a pas également été en reste. Les élèves de cette zone du Sud pays ont mené une manifestation pour exiger la révision des programmes d'enseignement. Selon les élèves, le système éducatif ne peut plus attendre cette réforme qui devrait lui apporter un nouveau souffle et lui permettre de se mettre au diapason des nouveautés pédagogiques. C'est-à-dire avoir une école entre adaptation aux besoins de la société et nécessaires exigences pour le développement économique.

En effet, même si le parcours universitaire se déroule sans entraves, il y a toujours l'appréhension du chômage, avec une remise en question de l'adéquation de la formation avec la demande du marché (de l'emploi).

D'ailleurs, la réforme du programme scolaire est une vieille question au Sénégal. Présidant la cérémonie de remise des prix du Concours général 2022, au mois d'août dernier, le président de la République avait d'ailleurs abordé la question.

"S'agissant de la réforme de notre système éducatif, elle pose à mon sens une double problématique : le contenu des enseignements et la façon d'enseigner. Je pense que certains spécialistes appellent cela la pédagogique inversée. Les interrogations ne manquent pas. Pourquoi les filières scientifiques et techniques sont désertées ? Pourquoi, après sept (7) ans de cursus, la majorité écrasante des apprenants ne parviennent pas à parler anglais ; alors que c'est la langue de communication par excellence à l'international ? Quel est le degré de pertinence des contenus pédagogiques en instruction civique, en philosophie et en histoire et géographie ? Ces questions ne sont pas exhaustives. Elles méritent réflexions et réponses", avait déclaré Macky Sall.

Avant d'ajouter : "le curriculum doit davantage aider nos élèves à vivre leur temps, affronter les réalités d'un monde en mutation continue, en restant ancrés dans nos valeurs de culture et de civilisation et ouverts aux apports positifs de l'extérieur".

Après la vague de manifestations des élèves, le ministère de l'Education nationale avait sorti un communiqué, pour informer que le "processus de révision des programmes scolaires, plus globalement la révision des curricula, a démarré par la mise en place du dispositif organisationnel, depuis l'année scolaire 2021-2022". Une révision des programmes qui concerne "le préscolaire, l'élémentaire, le moyen, le secondaire, l'éducation de base des jeunes et des adultes, y compris les daaras". Le ministère s'engage à la "construction d'un curriculum consensuel, souple, ouvert et adapté à nos réalités sociales, culturelles, historiques, linguistiques, religieuses, économiques etc."

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